Thursday, March 28, 2019

D éblesser un fantôme


Cher Rachid, tu as employé un mot qui m’a étonné quand tu as voulu inclure le public (et, ça, je le comprends bien) en début de soirée lundi, c’est le mot « dénonciation ». Certes le mot est dans l’air. Mais il me semble que l’art, la poésie — ou même Jésus, le « premier poète romantique » selon Oscar Wilde — proposent justement le contraire de ça. Dénoncer quoi ? « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. » Par exemple, ce film, de Yolande Zauberman, M, qui est en salle, mais pas pour longtemps, c’est un documentaire, c’est sublime, il opère justement comme une réparation — en commençant pourtant par le projet d’une vengeance —, c’est pour ça que je l’ai tant aimé (c’est sur la pédophilie, mais parmi tant de documents sur le sujet (actuellement), tous dans la dénonciation, il se distingue justement par son art). Il me semble que ce que tu fais ressort aussi de cette « réparation », de cette magie, bien loin de dénoncer. Ou que la dénonciation est volontairement affaiblie. Toute cette eau de la danse de la vie… et de la mort… mélangées, oui. « Est-il possible de déblesser un fantôme ? — lis-je dans un livre récent — Oui, certainement, cela est possible. Est-ce que l’art n’est pas toujours le désir de soulager ? De se soulager soi et de soulager les autres ? »
Je t’embrasse, très cher, 
Yves-Noël

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