Tuesday, March 05, 2019

B ranle-bas de combat


Je suis amoureux de ton texte (plus que de toi, peut-être, ce qui n’est pas rien). C’est superbe, chatoyant, ludique. Le couple est vivant et moderne (comme un film en noir et blanc qui aurait retrouvé ses couleurs). J’ai du mal en général avec le roman, je trouve qu’à moins d’un effet de magie ou de grâce (un roman poétiquement réussi, ce qui est rare), on voit trop la besogne. Donc, ça, je ne peux pas dire si c’est au point ou pas. Je le lis comme un poème. J’adore le voyage dans les camions entre Paris et Chambord, j’aimerais le faire à vélo, rejoindre la Loire, c’est tellement merveilleux l’énumération des bourgades que tu donnes. J’adore ta vivacité, ton enthousiasme. J’adore une phrase comme : « La mère la nuit le feu le lait la sueur la solitude le rouge » pour parler de ce tableau que je connais. Ou : « La campagne est noire, merveilleux motus ». Ou : « les oiseaux je parie vont chanter ». Etc. Et puis il y a ce merveilleux fond d’humour (espiègle) qui t’appartient, mais comme suranné aussi (ce qu’on nomme l’esprit ?) Bref, génial. On y est, au Louvre ! (ils vont être contents, ils vont te le vendre à la boutique et te faire faire des lectures, ils auraient tort de ne pas). C’est extrêmement réussi, il me semble. J’ai pas compris s’il fallait des pneus plus larges ou, au contraire, s’ils était trop larges. Ce que je remarque aussi, c’est que c’est clairement pas cette femme qui écrit. Pour moi, c’est toi. Mais à tel point que j’imaginais un narrateur qui se serait amuser, lui, à écrire le journal de cette femme qui rêve de tomber enceinte. Mais ce sont bien sûr des conventions de la fiction — qui me paraissent souvent étranges, comme dans le film de Rohmer que je regarde maintenant sur Arte : par exemple, dans une voiture, la caméra est clairement tenue par une personne réellement à l’arrière de la voiture, se tournant alternativement vers la conductrice et le passager qui conversent : mais, alors, il y a donc une troisième personne embarquée dans la voiture ? Oui, bien sûr. Peut-être cette place du « narrateur » est-elle celle du lecteur. C'est pas très clair ce que je dis (même pour moi). Dans Lol. V. Stein, on apprend au mitan du livre que le narrateur est l'un des personnages. Sinon je n’ai pas compris non plus « des bondieuseries de moteurs à essence » (surtout que le mot, dans son sens plus clair, revient quelques lignes plus bas). Et aussi pourquoi expliquer le mot « chiton » que tu as déjà employé plus haut ? (me suis-je dit puisque je l’avais déjà cherché dans le dico). Mais c’est peut-être que cette femme a quelques tics dans son écriture et, dans ce cas-là, c’est très bien, ça n’en est que plus vivant. Ne tiens pas compte de ces remarques de débile, ton texte est magnifique et c’est un grand plaisir que tu me fais en me le laissant lire. Ton titre est parfait, YN

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