(Ecrit lors de la dernière répétion de L’AMANT, par Yuika Hokama, une matinée ensoleillée dans un café à Pantin)
C’est très, très beau. Bien sûr, c’est un théâtre sans scène, ou plutôt sans salle, exposé, le public est sur scène et c’est donc une tentative pour que des gens se réunissent et supportent, pendant une heure et demie, d’être ensemble, pas dans l’ombre d’une salle où l’on s’oublie, mais en pleine lumière réelle — comme un rêve, oui, exactement comme un rêve.
Faire du théâtre en milieu hostile, faire du théâtre de la disparition du théâtre, là où personne n’en veut, faire du théâtre fantôme justement dans le réel, c’est là qu’ils sont, les fantômes, les anges car la réalité est si peu visible, si invisible, si inconnue, c’est la découverte moderne.
Je rêve d’un théâtre de la contemplation, qui disparaisse entièrement pour ne laisser que le monde — perçu —, le monde qui est une scène.
Une partie de plus en plus grande d’astrophysiciens pensent maintenant que le monde, l’univers n’existe que quand on l’observe, que la lune, par exemple, n’existe pas sans nous. Les poètes ont dit des choses semblables depuis la nuit des temps.
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