M eus amigos
Je suis remonté dans ma chambre, que je partage avec cette bête de sexe…
Je suis dans un coin d’hôtel au Brésil, je pleure un peu en regardant la télé française, quelqu’une parler de son père (ou je ris un peu, ou je m’étonne un peu, ou j’approuve un peu).
La musique est à fond. Je suis tôt pour le petit-déjeuner. J’étais trop tôt, à cause du décalage horaire (cinq heures). Hier, ils nous ont servi des œufs, mais, finalement, c’était un supplément. Il faut que je dise à Baptiste d’apporter à manger, c’est un peu maigre… On a eu froid dans la chambre cette nuit, il n’y avait pas de couverture, il faut que je dise à Baptiste d’apporter un petit pull, quand même, pour le soir — sans parler de la clim, au théâtre…
Voilà, on a vite rien à dire, quand même, dans la vie. J’aperçois la splendeur tropicale dans le reflet d’une vitre, je pense à une photo, mais je n’ai pas la force de me lever de mon avachissement. Qu’est-ce qu’on passe de temps, dans la vie, à s’avachir ! Je pense à la phrase de Michel Serre qui avait fait remarquer, une fois, dans une interview (télévisée) que l’augmentation de l’espérance de vie avait été de trois heures et quelques par jour, ce qui correspondait assez exactement au temps passé devant la télé. C’est-à-dire que le temps gagné sur la mort, on le passait exactement à essayer de s’abrutir…
Je lis des histoires fausses, mais qui me dit qu’elles sont fausses ?
Ah, si. Une anecdote, quand même. Carolina a appelé en catastrophe une amie à elle qui parle français pour la traduction du workshop et donc ça a été Branca, jeune et jolie actrice de cinéma, très blanche (Carolina a dit : elle ressemble à une Portugaise) qui est apparue. Très féministe (elle refuse de traduire quand je dis une chose anti-féministe, mais je fais exprès, ça m’amuse, parce que, ce n’est pas que je suis un anti-féministe primaire, j’ai des arguments ! qu’elle est ensuite bien obligé de traduire quand ça se complexifie (et puis, elle m’est très sympathique, il faut dire). Et alors, ce que je voulais raconter, mais je suis interrompu par Ricardo qui émerge et qui a déjà perdu la carte-clé de la chambre (Ricardo s’est aussi fait voler, encore à Lisbonne, tous ses costumes (dont un trois pièces bleu sur mesure sur lequel je comptais beaucoup), mais on ne peut pas tout raconter). Et donc, cette fille, à un moment, pour s’excuser d’être parfois distraite, souvent sur son téléphone, pendant le workshop, me dit : "Je divorce". Je lui demande si elle est en procès, elle me répond : "Je t’explique après". Et donc, après, elle m’explique qu’elle s’est séparé de son mari depuis douze jours, mais qu’ils partagent toujours l’appartement, qu’ils ont été ensemble pendant treize ans, qu’ils ont un enfant de six ans et que, ce matin (hier matin donc), elle s’est réveillé avec des magazines people bourrés de photos de son ex avec une nouvelle femme et aussi de photos d’elle, qu’il l'a fait exprès pour lui faire mal, ce facho-macho…
Labels: brésil
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