N ’entrer dans aucune entreprise
Est-ce que la fin du texte (1961) de Madeleine Chapsal, toujours vivante, d’ailleurs, 95 ans, à propos de Bataille répond pour ce soir ?
« Son ennemi, en effet, c’est le savoir. Il s’oppose à tous les systèmes, philosophiques et scientifiques, qui, sous prétexte de pénétrer la nature humaine, s’entendent finalement pour l’émonder, la mettre au pas, et lui boucher définitivement les yeux sur elle-même. Si on veut les garder bien ouverts, il faut se refuser à devenir le pion d’aucun jeu, n’entrer dans aucune entreprise, n’admettre aucune explication du monde, aussi séduisante soit-elle, et même si c’est Bataille qui vous la propose : « Je dois vous demander de vous méfier de que j’ai dit » (L’Erotisme).
Sans doute aimerait-il pouvoir reconnaître en lui-même cette opiniâtreté dans la liberté de l’esprit qu’il prête à Nietzsche : « Il ne perdit jamais le fil d’Ariane qui est de n’avoir aucun but et de ne pas servir de cause : la cause, il le savait, coupait les ailes. » »
Ta devise !
(En tout cas, j’aimerais, la mienne !)
A l’époque, Sartre était encore surpuissant. (« La Cause du peuple ».) Duras n’avait pas encore dit (à « Apostrophe ») : « Pour moi, des gens très, très célèbres n’ont pas écrit, n’ont pas su ce qu’était écrire. » (ou plus tard encore : « Je pense que Sartre est la raison du si regrettable retard culturel et politique de la France »).
Et à l’époque, Proust allait seulement commencer à sortir du purgatoire dans lequel l’avait placé Sartre : « littérature bourgeoise » — qui, de tout son génie, avait aussi ricané de Bataille, son contemporain, et de Baudelaire, etc.
Mais il y a les ailes !
Yves-No
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