L e projet, c’est qu’il n’y en a pas
« On est en situation à la fois de guerre mondiale et d’inaction », disait Bruno Latour, il y a un an, dans sa leçon inaugurale à Sciences Po. Bombardés de mauvaises nouvelles qui nous laissent apathiques. Les deux projets que j’ai lancés cette saison sont en fait liés. Celui de l’Arsenic, à Lausanne (fin octobre), entraîne une troupe de spectateurs à produire elle-même le spectacle — comme en rêve où chacun est à la fois l’auteur, l’acteur et le spectateur de sa propre création artistique. Celui de Paris, au Carreau du Temple, a lieu les 30 et 31 janvier (générale le 29), mais il commence déjà ce samedi 19 septembre, de 11h à 15h, à réunir une troupe de spectateurs-auteurs-acteurs, une centaine de personnes dans un espace plus immense encore, 1800 m2, une « communauté habitée » apte à se représenter (à elle-même) cette dérive de l’humanité réelle à la fois dans le « sentiment océanique du monde » et dans l’« apocalypse » — au sens où l’entend Bruno Latour dans la même conférence : « Etre dans l’apocalypse, c’est être dans la présence d’une transformation des temps ». Et il ajoute : « C’est pas mauvais, c’est même essentiel, et, au fond, c’est le seul message du christianisme ». Il y a, au Carreau, très peu de répétitions réparties jusqu’en janvier (soirs ou week-ends), principalement parce que les locations commerciales de la Grande Halle ont repris jusqu’à nouvel ordre gouvernemental. Ouvertes sans critère de sélection, il n’est pas impératif d’être disponible à toutes.
Apparences diverses, vies égales, le présent : à la fois très jeune et très vieux.
S’inscrire auprès du Carreau du Temple : mediation@carreaudutemple.org
Ce sont des spectacles sur le rien, sur la disparition — et sur la splendeur —, comme je l’ai toujours fait, cette fois dans une perspective radicalisée. Il y a de grandes chances qu’ils ne se jouent pas aux dates prévues. C’est égal dans le sens que les répétitions sont, en fait, les représentations. Je n’emploie pas dans cette annonce l’écriture inclusive (que j’utilise quand c’est pratique) parce que j'évoque une instance importante en français : le genre neutre. Au sens de Nathalie Sarraute : « Quand j’écris, je suis neutre » ou de Marguerite Duras : « Quand j’écris, je suis tout ».
Yves-Noël Genod
Labels: lausanne carreau
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