Je ne vous ai pas vu, c’est demain dimanche que vous venez ?
Mais j’ai parlé de vous, j’ai dit que vous m’aviez demandé le thème du spectacle et que je n’avais pas su répondre, mais que (esprit de l’escalier) si vous me reposiez la question maintenant, aujourd’hui, j’avais un thème : le combat de la lumière contre les ténèbres. C’était d’autant plus clair aujourd’hui que nous travaillions avec l’association Aurore qui accueille en journée des femmes et des enfants à la rue. Parmi ces femmes beaucoup sont super et six ou sept ont participé au spectacle avec une énergie et une inventivité merveilleuse — mais, bien sûr, beaucoup d’autres sont dans des états dépressifs très puissants, à l’image de la société d’ailleurs, et aussi, certaines, dans des états psychiatriques (paranoïa) que l’on retrouve aussi dans la société — et qu’avec tout ça, nous (avec nos états à nous et eux les amateurs), nous devions « faire de la vie ». Le courant vivant. C’est tout simple, seulement la vie, ni névrose ni folie, ni blocage, en tout cas mettre aux marges, calmer la mort et la folie (même si les mettre aux marges, c’est encore qu’elles sont en plein centre), seulement la beauté de ce qui est, la puissance de ce qui est — et pas l’horreur de ce qui est… J’ai travaillé avec un metteur en scène, Claude Régy, qui travaillait sur l’horreur de ce qui est, prendre le désastre de plein fouet pour, dans une espérance mystique à chaque fois, le traverser et trouver une lumière du fond des temps, d’au-delà de la mort. Je ne suis pas équipé pour le faire et ça ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, me bouleverse, c’est de voir des gens heureux… Et par les temps qui court, cette visée est thérapeutique. J. M. G. Le Clézio n’a-t-il pas dit cette phrase que je reprends volontiers à mon compte : « Un jour, on saura peut-être qu’il n’y avait pas d’art. Mais seulement de la médecine. » Ça pour le non essentiel !
Bien à vous,
Yves-Noël
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