Saturday, December 05, 2020

L es Talents hauts


Comment allez-vous, grand prince de la nuit ?

J'espère que tu arrives à fuir le confinement dans un chalet suisse, et que tu inventes toujours autant de spectacles à la minute.

T'embrasse


Eh bien, non, figure-toi, c'est en effet ce que j'espérais (tu me connais) : au moins la nature. Mais j'ai dû rentrer à Paris après le spectacle de Lausanne — qu'on a eu la grande chance de jouer jusqu'au bout — à cause d'un engagement que j'avais à l'Opéra Comique (ils ont continué les répètes et ont filmé la pièce) qui m'a certes rapporté un peu d'argent. Depuis, je suis confiné dans ta bonne ville de Nantes avec ma coiffeuse qui s'est cassé un poignet et un coude en tombant de vélo (mais que ça n'a pas calmé : elle apprend à couper les cheveux d'une main). Voilà, tu sais (presque) tout... Je pense souvent à vous, les pioupious, à la tristesse de toutes ces fermetures, à la folie gouvernementale (dont vous vous fichez plus que moi heureusement) et à la chance que vous avez de travailler quand même plutôt que rien. J'aimerais vous aider encore, mais c'est aussi, égoïstement, que vous m'aidez beaucoup, que vous m'avez beaucoup apporté, spécialement toi ! Je voudrais, tiens, puisque tu m'en donnes l'occasion, je te le répète, que tu te décides enfin à devenir une vedette et que tu nous emmènes tous dans ton sillage... Bien sûr, une vedette des temps nouveaux, pas des temps anciens. Of course, of course. C'est gentil, ton petit mot…



Non, mais, attends, Romain, moi aussi je veux te tes nouvelles ! Et t'as intérêt à entrer dans les détails, sinon je débarque, nom de Dieu !


Si tu pouvais effectivement débarquer sur un char ailé tiré par des CRS de Noël, par exemple, cela me ravirait. 

Nous, on vient de finir un stage avec Steven Cohen, qui, je crois à été un tournant dans ma façon de faire les choses, sans même que je m'en aperçoive. Je me suis essayé à la nudité, voyez-vous, ça m'a pas déplu, j'étais baigné d'une lumière divine — je crois que la lumière fait tout, dans le déshabillé — et je marchais sur des talons hauts entre skis et sabots japonais. Il y a eu de super beaux cadeaux qu'ont proposé les copains de la classe, des visions vraiment sauvages et offertes. 

Donc pas trop le temps de faire 46 fois le tour de ma chambre. Je viens de découvrir la Grande Bellezza, de Sorrentino, on peut difficilement faire plus beau, je ne sais pas si tu l'as vu ?

Et j'aimerais bien devenir une vedette, l'idée n'est pas conne... Ou alors peut-être devenir une vedette en Italie, ou au Japon (j'avais une amie japonaise qui m'avait dit que j’avais le profil type de la rockstar au Japon) et ensuite revenir auréolé de gloire en France.

J'ai achevé les Démons, de mon Dostoïevski chéri, mais c'est finalement lui qui m'a achevé. On dirait que les personnages parlent pour de vrai, comme s'il avait réussi à les enregistrer en cachette, depuis le 19ème siècle. Rien de nouveau, peut-être, mais ça continue à me fasciner.


Ah ! voilà de vraies nouvelles, mon cher ! Je regrette de ne pas t'avoir vu à poil et en 👠, mais, en même temps, je t'imagines tellement bien dans ce simple appareil avec une touche de sophistication (lovely shoes) que c'est comme si j'y étais. C'est d'ailleurs ce qu'il se passe pour moi avec Steven Cohen, je vois les images et j'imagine trop bien, du coup je ne me déplace pas (mais quelle chance de travailler avec lui !) J'ai été déçu par la Grande Bellezza, mais maintenant que tu l'aimes, il faudra que je le revois. Mais ce n'est quand même pas Pasolini ou Fellini, non ? Si ? Ah, bon. Oui, une vedette à l'étranger, comme je te comprends ! Oui, je pourrais faire ton vieux majordome. Mon Batman, si tu étais une vedette à l'étranger... Vive Dostoïevski ! Je suis dans Pouchkine (Eugène Onéguine)

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