Sunday, February 07, 2021

« Et chacun voit intuitivement ce vers quoi on ne veut pas que notre société aille, c’est-à-dire un monde que, dans mon conte, je décris comme un monde d’aéroports interminables, d’aéroports infinis qui représente l’enfer des temps moderne, l’Enfer de Dante actualisé à notre monde aseptisé (mais enfin ça pourrait être n’importe quel centre commercial), c’est-à-dire un univers dans lequel on est plongé dans des sollicitations permanentes, dans lequel nos désirs sont à la fois suscités et satisfaits de manière quasiment immédiate. On peut regarder tous les films comme veut à toute heure du jour et de la nuit, à tout moment, et on pouvait un peu avant ce virus voyager à peu près partout aussi pour pas grand chose — et je me dis : c’est au fond une mauvaise définition de la liberté. Ça définit la liberté   comme la multiplicité des possibles, disant, ben, les gens sont libres parce que les gens peuvent avoir accès à tout et, finalement, ça oublie une définition plus intérieure de la liberté qui demande et exige un travail sur soi pour développer une personnalité singulière — et je me demande, si, au contraire, cette forme, ce néolibéralisme n’empêche pas le développement de l’individu singulier et, au fond, je pense que Tocqueville aurait été tout à fait effrayé de voir les gens… de voir le côté moutonnier, routinier d’une société de consommation de masse, je pense qu’il aurait été… Lui, c’est un défenseur de l’individu libre et donc je ne pense pas que ça l’aurait satisfait uniquement parce que ça permet les échanges économiques. »

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