Wednesday, March 24, 2021

L a Mort de Dieu


Vous voulez que je vous dise : il n’y a qu’un pays, c’est la littérature. Tout le reste ne compte pas, même le théâtre, c’est fini, mais il faut garder les livres. Aujourd’hui, dans le centre de Nantes, c’était à touche-touche comme dans une manif, on ne pouvait pas avancer. La vérité c’est que la population n’en à rien à ficher des théâtres, ce qui compte c’est le lèche-vitrine et les réveillons. Quand j’étais petit, le festival d’Automne programmait chaque année Jean-Marie Patte, ça ne marchait jamais, personne n’y allait, mais c’était Michel Guy, le directeur de l’époque qui, grand seigneur, jouait au mécène. J’y allais souvent, ce n’était pas tellement les spectacles qui m’intéressaient, non, sans doute je n’y comprenais pas grand chose (il me reste quelques images, quelques saillies). Ce que  j’adorais, c’était la salle vide, d’être avec six ou sept autres personnes dans un théâtre vide, fantôme, cette atmosphère crée par cette tendresse qu’avaient les acteurs de jouer devant quelques personnes, ce théâtre devenait un rituel vrai. Comme dans les églises : ce qu’on aime c’est qu’il n’y ait personne (éventuellement exceptionnellement du monde). Si les églises étaient pleines comme des supermarchés, ce serait peu supportable, non ? Je veux dire simplement : il faut vivre avec son temps, c’est fini, le théâtre, ce qui est beau car cette fin est infinie comme la mort de Dieu

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