U n texte que je reçois de Clémentine Jacquemin (accompagné d'une vidéo)
20 janvier 2020, vers minuit
Il faut que je revienne sur le Carreau du temple. Mon activité extra scolaire favorite depuis longtemps, un tel sentiment de liberté, surtout en ce moment. Ça désacralise la scène, l’espace scénique, si angoissant normalement. Là, c’est un espace où l’on peut faire ce qu’on veut. Manger, s’asseoir, se rouler par terre. Aussi ne rien faire et prendre le temps de regarder. On vit avec notre corps. Aussi, on en parlait avec Théo dimanche soir, le fait de bouger son corps est beaucoup moins « angoissant » que de parler. Rien que dire une phrase est très difficile, on peut le faire, mais on n'ose pas. Alors que se mouvoir, on y arrive si bien finalement. Cette danse performance, c’est une question d’assurance, de confiance en soi, et surtout d’oser, tout le champ des possibles est ouvert. Et les gens sont tous animés sur scène, des regards animaux, des mouvement de trans. Quand je regarde, j’ai l’impression de voir une scène de fin de soirée, un espèce d’espace entre deux temps, le temps de la fête et le retour du jour. Des gens qui errent dans l’espace, encore un peu engourdis par la nuit. Comme des gens drogué en fin de soirée quand le jour c’est levé. Le même effet. Le plus dur, c’est d’y rentrer et, dès qu’on rentre sur la scène, on devient quelqu’un d’autre, le lâcher-prise, il faut se lâcher, et juste vivre l’espace. Comme dit Yves-Noël, il faut que chacun occupe tout l’espace, et que les autres soit comme des invités dans cet espace. Espace qui fait 1800m2. J’aime bien les histoire que nous raconte Yves-Noël, sur l’éclipse et les oiseau en Haute-Savoie, les troupeaux de vaches et la vache à l’écart, Marguerite Duras et la frontière dans L’Amour (estala ? retrouver le terme exact), Proust… Et aussi réussir à créer avec des inconnus, et les rencontrer sans paroles, échange de regards, échange de mouvements, se tenir la main, se sourire, danser ensemble sans se connaître. Sans jamais se connaître. Apprendre à rencontrer autrement que par les classiques questions des débuts, le corps figé, à se regarder dans le blanc des yeux. C’est rare de commencer une rencontre par le corps. Et les formes que ça crée, le mouvement des corps. Toute une partition de gens sans expérience pour la plupart qui arrivent à créer une chorégraphie, à chaque fois différente. Les corps se comprennent, créent comme une discussion. La dernière fois, on a créé une farandole, ce n’était pas écrit, mais c’était si évident. Une main qui en tient une autre et ainsi de suite. Pourtant, on est entre 50 et 100 personnes à danser. Mais les corps comprennent, pas besoin des mots. Les sons aussi, on danse sans musique et chaque bruit, bruissement devient un rythme sur lequel danser. Comme le bruit des pieds qui tapent sur le sol, claquer des doigts, taper dans les mains, et tout le monde commence à scander le même rythme. Aussi une fois une sonnerie de téléphone, la couverture de survie qui scratche scratche et qui m’a fait danser à son rythme. Il y a également le chanteur brésilien qui chante en portugais, c’est si beau quand il chante. Et, après, tout le monde commence à chanter « hmmmm » et cela crée un chant un peu comme dans un église ou comme un opéra. Pourtant, nous ne sommes ni danseurs, ni chanteurs, mais la création est si belle.
Merci.
Labels: carreau correspondance
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