Friday, May 07, 2021

L e dernier Monde


Vous savez, cette sensation, avec les livres contemporains (laissons de côté les journaux) : ils ne parlent pas de la bonne chose (et puis aussi cette sensation avec les livres anciens, les classiques : ils parlent de la bonne chose) (mais les contemporains : ils ne parlent pas de la bonne chose), eh bien, le livre de Céline Minard, lui, c’est justement la sensation inverse : il parle de la bonne chose. Immense, immense plaisir : le mois de mai, vous l’effacez, il recommence, vous l’effacez, il recommence… Les mots sont là, ils vous rétament, ils vous rappellent... bref, en un mot : ils vous sauvent ! Mais, en vous humidifiant, vous, ils sauvent aussi l’humanité ou peu importe. L'humanité OU PEU IMPORTE. Le dernier homme. Animal parmi des milliards, seul de son espèce. C'est une hypothèse. Plusieurs âmes. Dans le livre, il y a souvent cette phrase (ou une autre du même acabit) : « Ne me regarde pas comme ça, je dis juste ce que tu ne veux pas penser ». Oui, les livres servent à ça (ou pas) : dire ce qu’on ne veut pas penser, ils multiplient les âmes, me dire, à moi, ce que je ne veux pas penser.

Vous savez, on ne lit pas les mêmes livres que les autres.

Et ce dernier homme n’est pas une femme parce que, sinon, elle aurait pu s’« enfiler des éprouvettes de sperme congelé dans l’utérus » et tout reprendre. Mais, non, c’est vraiment le dernier, l'infiniment dernier...

Céline Minard, probablement l’auteur majeur de sa génération. Je ne dis pas  « autrice » parce que ça a (encore) l’air de dire : « parmi les femmes » (et je ne suis pas misogyne). N'a pas écrit qu'un seul livre ; d'ailleurs tous différents, paraît-il. Joie : il me les reste. Mais celui-ci, que je lis lentement pour la deuxième fois, je n'en suis pas encore quitte, bible de chevet. « I am the river », « Je suis la rêverie » me disent ses derniers mots...


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