Sunday, April 10, 2022

Yves-Noël Genod

Chorégraphe, metteur en scène 

8, rue Jacques Kablé

75018 Paris


Madame, Monsieur, 


Le spectacle chorégraphique que nous avons donné ensemble, Charly Molle-Cousin et moi, s’est déroulé à partir du 19 septembre 2020 pendant toute la période du confinement où il a été possible de répéter, mais pas de recevoir du public dans le lieu immense de la Grande Halle du Carreau du Temple, à Paris. Il s’est redonné en janvier dernier. Il a enflammé des centaines de participants amateurs ainsi que des solistes professionnels. Sa beauté a bénéficié de l'hiver du contexte. Comme nous n’étions jamais sûrs de nous revoir, nous avons transformé les « répétitions » en « représentations ». Chaque samedi et chaque dimanche, un spectacle émergeait, abouti dans l’état de l’apparition, comme souvent les petits d’animaux sont en quelques minutes de leur venue au monde déjà sur leurs pattes. Dans ce contexte paradoxal de fermeture, la bulle de liberté de la Grande Halle a aimanté des participants de toute la France, de l’école des beaux-arts de Nantes, en particulier. C’est ainsi, parmi la centaine, que j’ai rencontré Charly Molle-Cousin, immédiatement reconnaissable, à la fois caché et mis en valeur par la foule, altruiste par singularité puisqu’il faut qu’autour de soi, ça vive (il n’y a pas d’être sans êtres). Oui, l’image qui me vient est celle d’un chevalier des temps modernes, d’un Perceval précisément, immédiatement leader, physique, mais discret (secret), pas dictatorial (il n'y en a que trop), poète trop ému par trois gouttes de sang sur la neige... Son existence de frêle et fort chevalier, son rapport sensoriel au monde, peu filtré par l’intelligence ou l’habitude (qui nous déforment le monde, donnent le sentiment que ce que l’on voit n’est pas vraiment ce que c’est) m’ont enchanté et appris. Charly le dit : ce que je vous montre, c’est ce que c’est. Dans le même sens, à chaque séance cité, le titre d’un poème de Wallace Stevens : « Not Ideas About the Thing, But the Thing Itself ». Dans ce poème, on parle d’un cri « part of the colossal sun », un cri confondu avec le soleil de mars, du « début de la fin de l’hiver », un cri maigre, un cri d’oiseau sans doute, mais un cri qui indique « A new knowledge of reality ». Souvent dans une lingerie transparente, grise ou pâle comme une peau (une plume) légèrement décollée, ou en slip noir et débardeur blanc, Charly semblait, en dansant, apporter cette part du soleil ; oui, peut-être une nouvelle connaissance de la réalité. Ce que j’ai vu. Avec Charly Molle-Cousin, je suis peut-être moi-même devenu l’adolescent à armer ; au final, je ne sais pas qui a adoubé l’autre ! Je suis entré dans la légende et j’aimerais bien sûr le retrouver. (Il y avait un projet à la Ménagerie de verre dirigée par Marie-Thérèse Allier qui malheureusement vient de s’éteindre.)

Je vous encourage donc vivement à porter le plus grand intérêt à sa candidature. Sa sève est puissante et sa poésie immense. Ces deux fluides — puissance et immensité — accompliront sa destinée à P.A.R.T.S. autant et plus encore qu’il a renversé Paris d’une vraie révolution joyeuse et grave. 

Veuillez recevoir, Madame, Monsieur, l’assurance de mes sentiments les meilleurs, 


Yves-Noël Genod

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