Salut Elizabeth ! Ce que j'ai trouvé sur YouTube et qui m'a plu, c'est 'L'Air dans l'Air', mais, si tu as d'autres choses à me faire écouter d'Eric Cordier, je suis preneur... La commande, ce serait qu'il n'y ait pas tout le temps de la musique. Ça remplit trop. Il y a déjà beaucoup de sons ambiants et mon travail (jusque là) est d'en  faire une musique — à la John Cage : on écoute ce qui est déjà là, ce qui est cadeau, ce qui est gratuit, les concerts du pauvre. Par exemple, hier, à un moment, dans une fête à la campagne, dans l'Ain, j'ai eu un coup de pompe et je suis rentré dans la maison faire un somme sur un canapé. Manque de bol, c'est là que les trois gamins qui jouaient à chat avaient choisi de faire leur « cabane » (leur refuge) : ils arrivaient sur moi en hurlant. Mais comme je n'avais pas non plus la force de me chercher un autre coin (et finalement quelle importance ?), j'ai fini par écouter ça comme un fabuleux concert, un concert inouï que je pouvais apprécier dans les conditions idéales d'écoute. Le son surgissait vers moi exactement et pas ailleurs comme des torpilles, des fusées, des flèches dont j'étais la cible. J'étais dans un demi-sommeil, ça pouvait être un rêve. J'ai pensé que j'aimerais bien, lors d'un spectacle, avoir ce son des enfants qui crient (que j'ai souvent demandé), avoir cette énergie fabuleuse, sauvage, irrépressible (jusqu'à ce qu'un se fasse mal, ça n'a pas loupé). Un compositeur, c'est autre chose, on écoute et on analyse ce qu'il propose... ça n'a rien à voir comme disponibilité, ça n'est pas sauvage, ça n'est pas libre (sauf s'ils y arrivent, justement). Donc musique ok, mais très intermittente, comme des fréquences perdues, des traces (dans l'univers), des citations (y compris, pour un compositeur, de soi-même), des pollutions, des regrets, des couleurs, des nostalgies, des oublis — et des oublis qui se perdent comme de l'eau dans des sables... Je t'écris ceci en laissant filer le morceau qui a suivi sur YouTube celui d'Eric Cordier, soit : Symplony N 50 'Mount St.Helens' - Alan Hovhaness (par l'orchestre de Seattle) (mais maintenant j'en ai un peu marre). Bisous de 1er août, Yvno