Sunday, September 21, 2008

Le Nô, un texte de Daniel Jeanneteau, extrait choisi par Olivier Normand

Texte de Daniel Jeanneteau:

La petitesse du masque grandit bien sûr la présence. Mais aussi l'éloigne. Le visage flotte par-devant l'acteur, et tient l'ensemble, le paquet de vêtements vide, tendu vers le haut, suspendu. Le corps de l'acteur de nô masqué n'a plus vraiment d'architecture. Il tient par d'autres lois physiques. il suit le masque qui le précède, qui le guide. Le corps n'est plus qu'un tombé, une chute d'étoffes, organisée bien sûr, mais soumise à un mouvement qui ne lui appartient pas. Le corps subit le mouvement, il n'en est pas l'acteur. Il est emprunté par le mouvement.

[...]

Pas de fusion. Chaque élément reste isolé, épars. L'unité se fabrique sous la poussée des cris, dans l'écoute du spectateur. Chaque élément doit être clair et lisible, séparé, matériel, pour agir pleinement dans la mécanique de l'émotion. Avec une telle clairvoyance, une telle efficacité, libérée des limites du réalisme, des pauvretés de l'imitation, l'émotion peut-être cataclysmique.

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