Dans le mot « vague »...
De : guillaume.allardi@orange.fr
Objet : Rép : labyrinthe et vagues
Date : 28 octobre 2008 11:09:25 HNEC
À : yvesnoelgenod@wanadoo.fr
Répondre à : guillaume.allardi@orange.fr
Dans le mot « vague », il y a l'aller du va, et le g d'une agonie. Pourquoi les photos de mer marchent toujours. Un personnage, sur une plage, comme ta troupe nue sur tes photos, donne toujours l'impression d'hommes ayant vaincu l'espace, dominé toute distance. Touristes / colons / congés payés. Ils sont sur la terre comme sur la tête d'un animal qu'ils viendraient de tuer. Avec l'innocence heureuse des chasseurs, de ceux pour qui la violence n'a jamais rien eu à faire encore avec la haine. J'ai lu ton texte sur le ballet de Chaillot, où je trouve que tu cernes bien ce type de présence que tu appelles « l'humanité ». Ou la souveraineté. Il y a, je sais, une image des Bienheureux chrétiens représentés par des corps d'hommes avec des têtes d'animaux, comme les dieux égyptiens. De la possibilité d'une nudité, d'un nouvel à-jour de l'homme. On pourrait dire aussi une certaine forme ultra-généreuse de l'indifférence.
éloge du brouillard
du sujet perdu entre la main et l'épaule
de la continuité monstrueuse des têtes qui surnagent
des bites seules
de la confusion des voix et du vent
du possible
de l'horizon respiré
de la gestation folle des formes
de l'humanité des apparitions
Allez,
à vite, va
G.
ah, t'es gentil !
j'suis content que ce texte-projet passe (pour toi). parce qu'Hélèna, elle, elle (prétend qu'elle) n'y comprend rien à tout ça ! et je lui ai demandé de m'écrire ce « propos recueilli » parce que c'est quand même mieux, ça m'amuse, même s'il y a des formules pas vraiment chouettes du genre « ce qui m'interpelle dans... »
j'essaie de trouver de l'argent pour Chaillot (où y en a vraiment pas), j'ai loupé la Drac théâtre, trop tard, alors j'essaie encore un truc pour la Drac danse où la deadline est vendredi, d'où l'invention rapide de ce projet « danse » (les deux dernières fois que j'ai demandé, ils avaient dit : « c'est pas de la danse ») qui n'est sans doute pas ce que je ferai – mais l'idée aussi me vient de rédiger des projets comme des objets en soi – puisqu'il y en a tant... et peut-être d'en faire ensuite un texte plus vaste – en regroupant ces textes-projets destinés à diverses commissions.
toi comme danseur (surtout nu avec une tête d'animal !), c'est oui tout de suite ! si tu pouvais m'amener la plage et la mer en sus, alors... ou la lune et mars...
à Berlin, j'ai encore fait dansé un comédien (le dénommé Felix) et je pense que pour mon idée de la danse, les comédiens dansent infiniment mieux que les danseurs parce qu'ils sont capables de baigner ça dans l'imaginaire – et pour moi, l'imaginaire, c'est l'humain, on peut pas faire sans (et y a qu'à voir Thomas...)
à Vitry, je vais retravailler avec Patrick Laffont (vidéaste Gennevilliers), je voudrais faire du film, peut-être même, au final, une installation vidéo, tout est ouvert encore évidemment, mais l'envie semble aller dans ce sens, sortir du cadre de la représentation (que j'ai déjà bien exploré jusqu'à maintenant)... en tout cas, comme Patrick semble libre les après-midis (il travaille le soir avec Hubert Colas), en profiter pour filmer, filmer, filmer... lui est incroyablement rapide (pour Gennevilliers il n'a été là que deux fois trois jours avant les représentations), tu aurais du temps ? des envies ? tout ce que tu dis sur la souveraineté est pour moi très très clair et c'est dans ce sens que j'ai envie d'enfoncer le clou, lourdeur et bonheur, matière-esprit, force-beauté – et même cette formule : « une certaine forme ultra-généreuse de l'indifférence », oui.
Vitry, j'y suis du 3 nov au 5, 6, 7 décembre, représentations actuellement annoncées.
bises
Yvno
Objet : Rép : labyrinthe et vagues
Date : 28 octobre 2008 11:09:25 HNEC
À : yvesnoelgenod@wanadoo.fr
Répondre à : guillaume.allardi@orange.fr
Dans le mot « vague », il y a l'aller du va, et le g d'une agonie. Pourquoi les photos de mer marchent toujours. Un personnage, sur une plage, comme ta troupe nue sur tes photos, donne toujours l'impression d'hommes ayant vaincu l'espace, dominé toute distance. Touristes / colons / congés payés. Ils sont sur la terre comme sur la tête d'un animal qu'ils viendraient de tuer. Avec l'innocence heureuse des chasseurs, de ceux pour qui la violence n'a jamais rien eu à faire encore avec la haine. J'ai lu ton texte sur le ballet de Chaillot, où je trouve que tu cernes bien ce type de présence que tu appelles « l'humanité ». Ou la souveraineté. Il y a, je sais, une image des Bienheureux chrétiens représentés par des corps d'hommes avec des têtes d'animaux, comme les dieux égyptiens. De la possibilité d'une nudité, d'un nouvel à-jour de l'homme. On pourrait dire aussi une certaine forme ultra-généreuse de l'indifférence.
éloge du brouillard
du sujet perdu entre la main et l'épaule
de la continuité monstrueuse des têtes qui surnagent
des bites seules
de la confusion des voix et du vent
du possible
de l'horizon respiré
de la gestation folle des formes
de l'humanité des apparitions
Allez,
à vite, va
G.
ah, t'es gentil !
j'suis content que ce texte-projet passe (pour toi). parce qu'Hélèna, elle, elle (prétend qu'elle) n'y comprend rien à tout ça ! et je lui ai demandé de m'écrire ce « propos recueilli » parce que c'est quand même mieux, ça m'amuse, même s'il y a des formules pas vraiment chouettes du genre « ce qui m'interpelle dans... »
j'essaie de trouver de l'argent pour Chaillot (où y en a vraiment pas), j'ai loupé la Drac théâtre, trop tard, alors j'essaie encore un truc pour la Drac danse où la deadline est vendredi, d'où l'invention rapide de ce projet « danse » (les deux dernières fois que j'ai demandé, ils avaient dit : « c'est pas de la danse ») qui n'est sans doute pas ce que je ferai – mais l'idée aussi me vient de rédiger des projets comme des objets en soi – puisqu'il y en a tant... et peut-être d'en faire ensuite un texte plus vaste – en regroupant ces textes-projets destinés à diverses commissions.
toi comme danseur (surtout nu avec une tête d'animal !), c'est oui tout de suite ! si tu pouvais m'amener la plage et la mer en sus, alors... ou la lune et mars...
à Berlin, j'ai encore fait dansé un comédien (le dénommé Felix) et je pense que pour mon idée de la danse, les comédiens dansent infiniment mieux que les danseurs parce qu'ils sont capables de baigner ça dans l'imaginaire – et pour moi, l'imaginaire, c'est l'humain, on peut pas faire sans (et y a qu'à voir Thomas...)
à Vitry, je vais retravailler avec Patrick Laffont (vidéaste Gennevilliers), je voudrais faire du film, peut-être même, au final, une installation vidéo, tout est ouvert encore évidemment, mais l'envie semble aller dans ce sens, sortir du cadre de la représentation (que j'ai déjà bien exploré jusqu'à maintenant)... en tout cas, comme Patrick semble libre les après-midis (il travaille le soir avec Hubert Colas), en profiter pour filmer, filmer, filmer... lui est incroyablement rapide (pour Gennevilliers il n'a été là que deux fois trois jours avant les représentations), tu aurais du temps ? des envies ? tout ce que tu dis sur la souveraineté est pour moi très très clair et c'est dans ce sens que j'ai envie d'enfoncer le clou, lourdeur et bonheur, matière-esprit, force-beauté – et même cette formule : « une certaine forme ultra-généreuse de l'indifférence », oui.
Vitry, j'y suis du 3 nov au 5, 6, 7 décembre, représentations actuellement annoncées.
bises
Yvno
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