Monday, November 16, 2009

L'Automne à Pékin

Il est bien possible que j'ai quelque chose, mais savoir si ça ressemble à ce que tu as entendu, c'est une autre affaire. Il y a tellement de sons différents dans la forêt même en Asie, en fonction du pays, de l'humidité, de l'heure de la lumière, de la saison, de la végétation. Il suffit qu'un insecte, une grenouille, un oiseau chante ou non, pour que tout en soit changé. C'est justement pour cela que j'enregistre toujours ce que j'entends, parce que, malgré les dizaines de milliers de sons que je peux avoir provenant de disques, de sites, d'amis, ou autres, je sais que je ne retrouverais jamais ce que j'ai entendu.
Et cette chose est vraiment décuplée lorsque tu voyages. Tes sens sont tellement en éveil que lorsque tu apprécies un son, c'est souvent lié à une situation, une émotion, la personne avec laquelle tu étais ou pas, et si tu ne le capte pas, tu peux passer une vie à retrouver cette sensation.
Et c'est aussi ça qui est beau.

Je crois que ma plus belle expérience en ce domaine, c'était il y a deux ans, lorsque nous sommes allés en Equateur. Nous avions sympathisé à une escale galère à Miami avec un jeune alpiniste français qui allait rejoindre son amie qui était recteur de l'université d'une ville située à une cinquantaine de kilomètres de Quito. Quelques semaines plus tard, nous les avons retrouvés chez eux et elle nous a proposé de nous envoyer dans une base de recherche au fin fond de l'Amazonie, le genre d'endroit réservé exclusivement aux chercheurs très pointus qui peuvent rester là des mois à étudier la nidification de tel oiseau ou l'évolution d'une variété de lichen. C'était l'endroit le plus lointain où l'on pouvait pénètrer à l'intérieur de l'Amazonie, totalement protégé de l'homme, et on continuait à y découvrir des espèces. Les bâtiments où nous logions étaient des sortes de petits chalets dispersés construits avec des arbres tombés dans la forêt, au confort spartiate, sobrement aménagés mais confortables. A partir de 1 mêtre de hauteur, les cloisons étaient en grillage très fin pour laisser circuler l'air. La nuit, c'était absolument impossible pour moi de dormir. Ayant le sommeil extrêmement sensible, je me réveillais vers trois heures du matin et je passais le temps à écouter les bruits de la forêt jusqu'à l'heure du lever qui était vers cinq heures trente. C'était fantastique, il y avait des bruits impossibles à décrire, du pur son, comme je pense ce que tu as pu ressentir dans ta forêt. Certains cris, tu ne pouvais pas savoir si c'était des insectes, des batraciens, des félins (il y avait des cougars qui passaient à une cinquantaine de mètres de la base) ou des oiseaux. Impossible de me rendormir, je pense que mes oreilles étaient tellement dressées qu'elles devaient en être pointues.
Le dernier jour, je me suis levé vers quatre heures et j'ai enregistré en continue le son du lever du jour, ou plus exactement, du passage de la nuit au jour, avec les animaux nocturnes qui s'estompent pour laisser place aux oiseaux du petit matin. J'étais assis là, tout seul dans la nuit près du chemin, sans un mouvement, sans un bruit, des animaux passaient par là, ne me remarquant même. J'étais entièrement immergé. Je crois que c'est un des plus beaux moment de voyage que j'ai pu connaître, et un des sons dont je suis le plus fier. Et comme tu peux l'immaginer, celui-là, je n'ai aucune chance de le trouver ailleurs.

Toi qui est particulièrement sensible au son, tu devrais peut être t'acheter un petit appareil pour ramener des choses de ce que tu croises. C'est assez discret et très simple d'emploi.
Je peux même te montrer si tu veux.

Ci-joint, un son.
Et puis un autre après.


bz !


jb'

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