Les Voyeurs
Objet : C'était pour les cochons !
De : yvesnoelgenod@wanadoo.fr
Date : 3 avril 2010 01:26:48 HAEC
À : fourcadeclic@wanadoo.fr
Oui, alors, bien sûr, je transmets à Kataline...
Et, oui, ça arrive de ne pas aimer mes spectacles - c'est tout à fait normal, je suis juste désolé que ce soit tombé sur vous ! - et merci de me le dire si simplement. J'essaie (je ne peux pas faire autrement) de changer de public à chaque fois - et rares - ça arrive quand même, mais c'est rare - les personnes qui suivent les métamorphoses en les aimant toutes. La sensibilité, pour moi, est ressentie si diverse que quand j'ai l'impression d'en avoir touché un bout, travail bien fait, j'essaie la fois d'après d'en toucher un tout autre bout. Comme je passe toujours dans le même genre de salle et de festival, je suis certes limité dans l'embrassement. Mais, enfin, je fais, avec les moyens miniatures qui sont les miens, comme le tour de la planète show-biz.
J'ai du mal à savoir ce que je pense, moi, de ce spectacle (sauf la fin - après la fin de mon texte - que j'ai pu admirer librement - et que j'adore -, le bébé, le calme des animaux, la fin du "spectacle") y étant s'y impliqué par ce texte difficile - et aussi parce qu'il s'agit d'une collaboration (avec Kataline) grâce à laquelle - je le vois comme ça - j'ai résisté à amener les acteurs complètement dans mon domaine et dans sa précision. Une expérience pour accepter ce qui n'est pas complètement "moi".
J'ai été très touché que beaucoup de gens m'expriment leur bouleversement (leurs larmes !), mais je comprends très bien que pour d'autres - ce ne soit pas leur tasse de thé - cela fait partie de l'expérience - ça ne pourrait pas être autrement : imaginez une salle entière en larmes, ce serait affreux !
Cela dit, j'imagine aisément que les références à Baudelaire et à Rousseau aient pu sembler bien insupportablement naïves à un poète de votre acabit ! Et, pour ça, j'ai honte ! J'ai eu honte aussi de vous voir assis au premier rang, c'est à dire, à Vanves, au rang réservé aux voyeurs (je ne sais pas si vous avez remarqué), particularité de ce théâtre qui, montrant presque systématiquement des danseurs dénudés, attire ce genre de personnages à l'ancienne. Ce sont eux, bien sûr, que le titre désigne.
Pour ça (ou pour tout autre chose), désolé, cher Dominique Fourcade
Yves-Noël
Cher Yves-Noël
Je trouve votre mail à l'instant, qui m'a beaucoup touché. Je pars demain matin une semaine pour Chicago et ai peu de temps pour vous répondre. Amusé de m'être trouvé parmi les voyeurs, moi qui déteste la nudité en scène, alors que toute ma vie j'ai contemplé, regardé, et pourquoi pas en voyeur d'ailleurs, mais en voyeur déclaré et à découvert, j'ai contemplé, dis-je, éperdument, des corps nus de femmes avec une passion inextinguible mais dans une chambre - une chambre pas pour le secret mais pour l'échange et l'aventure-improvisation immense privée.
Je ne savais pas du tout qu'à Vanves, où je suis allé en tout trois fois, c'était à ce point systématique, les danseurs dénudés, ni non plus que ça allait se produire ce soir-là, moi qui trouve que c'est un obstacle à la danse et au théâtre et au théâtre dansé, la nudité - j'étais donc, nous étions, à tout point de vue, le plus mal placé du monde, et en plus beaucoup trop bas - dire que je me suis jeté sur ces places parce que j'avais mal à une jambe et pouvais ainsi l'étendre. La prochaine fois je saurai et me précipiterai au dernier rang.
Ceci dit j'ai mieux compris en lisant votre e-mail. Merci de tout coeur. Et en dépit de toute ça j'ai trouvé que Kataline avait une présence formidable, que j'avais déjà distinguée la première fois, le soir de l'hommage à Pina Bausch. S'il y avait une occasion la prochaine fois de la voir en scène pas nue, dites-le moi s'il vous plaît.
Parlons-nous mieux dès mon retour (samedi prochain).
bien à vous de tout coeur,
Citizen Do
De : yvesnoelgenod@wanadoo.fr
Date : 3 avril 2010 01:26:48 HAEC
À : fourcadeclic@wanadoo.fr
Oui, alors, bien sûr, je transmets à Kataline...
Et, oui, ça arrive de ne pas aimer mes spectacles - c'est tout à fait normal, je suis juste désolé que ce soit tombé sur vous ! - et merci de me le dire si simplement. J'essaie (je ne peux pas faire autrement) de changer de public à chaque fois - et rares - ça arrive quand même, mais c'est rare - les personnes qui suivent les métamorphoses en les aimant toutes. La sensibilité, pour moi, est ressentie si diverse que quand j'ai l'impression d'en avoir touché un bout, travail bien fait, j'essaie la fois d'après d'en toucher un tout autre bout. Comme je passe toujours dans le même genre de salle et de festival, je suis certes limité dans l'embrassement. Mais, enfin, je fais, avec les moyens miniatures qui sont les miens, comme le tour de la planète show-biz.
J'ai du mal à savoir ce que je pense, moi, de ce spectacle (sauf la fin - après la fin de mon texte - que j'ai pu admirer librement - et que j'adore -, le bébé, le calme des animaux, la fin du "spectacle") y étant s'y impliqué par ce texte difficile - et aussi parce qu'il s'agit d'une collaboration (avec Kataline) grâce à laquelle - je le vois comme ça - j'ai résisté à amener les acteurs complètement dans mon domaine et dans sa précision. Une expérience pour accepter ce qui n'est pas complètement "moi".
J'ai été très touché que beaucoup de gens m'expriment leur bouleversement (leurs larmes !), mais je comprends très bien que pour d'autres - ce ne soit pas leur tasse de thé - cela fait partie de l'expérience - ça ne pourrait pas être autrement : imaginez une salle entière en larmes, ce serait affreux !
Cela dit, j'imagine aisément que les références à Baudelaire et à Rousseau aient pu sembler bien insupportablement naïves à un poète de votre acabit ! Et, pour ça, j'ai honte ! J'ai eu honte aussi de vous voir assis au premier rang, c'est à dire, à Vanves, au rang réservé aux voyeurs (je ne sais pas si vous avez remarqué), particularité de ce théâtre qui, montrant presque systématiquement des danseurs dénudés, attire ce genre de personnages à l'ancienne. Ce sont eux, bien sûr, que le titre désigne.
Pour ça (ou pour tout autre chose), désolé, cher Dominique Fourcade
Yves-Noël
Cher Yves-Noël
Je trouve votre mail à l'instant, qui m'a beaucoup touché. Je pars demain matin une semaine pour Chicago et ai peu de temps pour vous répondre. Amusé de m'être trouvé parmi les voyeurs, moi qui déteste la nudité en scène, alors que toute ma vie j'ai contemplé, regardé, et pourquoi pas en voyeur d'ailleurs, mais en voyeur déclaré et à découvert, j'ai contemplé, dis-je, éperdument, des corps nus de femmes avec une passion inextinguible mais dans une chambre - une chambre pas pour le secret mais pour l'échange et l'aventure-improvisation immense privée.
Je ne savais pas du tout qu'à Vanves, où je suis allé en tout trois fois, c'était à ce point systématique, les danseurs dénudés, ni non plus que ça allait se produire ce soir-là, moi qui trouve que c'est un obstacle à la danse et au théâtre et au théâtre dansé, la nudité - j'étais donc, nous étions, à tout point de vue, le plus mal placé du monde, et en plus beaucoup trop bas - dire que je me suis jeté sur ces places parce que j'avais mal à une jambe et pouvais ainsi l'étendre. La prochaine fois je saurai et me précipiterai au dernier rang.
Ceci dit j'ai mieux compris en lisant votre e-mail. Merci de tout coeur. Et en dépit de toute ça j'ai trouvé que Kataline avait une présence formidable, que j'avais déjà distinguée la première fois, le soir de l'hommage à Pina Bausch. S'il y avait une occasion la prochaine fois de la voir en scène pas nue, dites-le moi s'il vous plaît.
Parlons-nous mieux dès mon retour (samedi prochain).
bien à vous de tout coeur,
Citizen Do
Labels: kataline patkaï correspondance
0 Comments:
Post a Comment
<< Home