Sunday, June 06, 2010

...que quelque chose que l'on peut nommer la beauté

Hier, il s'est passé que quelque chose que l'on peut nommer la beauté a eu lieu à travers les baies vitrées, les notes de guitare de Pauline appliquée, concentrée et noyée sous sa perruque dorée et, soudain - tandis que des morceaux de bras, de nuques, des cheveux, des joues tournoyaient dans l'espace à l'unisson de la déclivité de la terre -, Robin qui, depuis le début de l'après-midi, travaillait d'arrache-pied à l'existence intacte de cette travelotte sorte de Carmen ou d'Arlésienne sadique et - comme toujours chez Robin - surréaliste, s'est mis à dire une page d'une incroyable délicatesse, une page qui parlait et parlait, qui disait : la vie est un songe, mais c'était une page ouverte au hasard, une page de Dostoïevski perdue peut-être maintenant, mais qu'à ce moment-là, il a accompagné de la main lentement entre les édifices et les éboulis, sur le gué de la rivière trop rapide, avec les arbres de la guerre, les lourds sapins maintenus dans l'adoration des hommes et du soleil, partagés entre l'idée de la vérité et la vérité, entre se taire et participer - il y a trop de beauté au monde - et cette splendeur m'a effrayé quand je me suis retrouvé nu et seul à l'intérieur de la caravane dans le noir, tandis que Maxime était dans une autre caravane perdue parmi les étoiles, les millions d'étoiles (les milliers de maximes) - et ce silence noir et infini ayant succédé au couchant où était apparue la beauté - derniers feux - j'ai maudit la beauté qui, ayant soulevé ses voiles, m'avait laissé mort, dénudé.

Labels:

0 Comments:

Post a Comment

<< Home