Des armées de pauvres sont sorties de la misère
Mon père et ma mère m’appellent. Il est rentré chez lui, l’opération n’aura lieu que mercredi. Il est en panne d’Internet. Je lui dicte les paroles de la chanson dont je lui avais donné les premiers mots quand il était à la clinique (et que je lui avais envoyées par mail). Il s’agit de la chanson Aimer la vie que nous utilisons dans le spectacle que Thomas Gonzalez et moi donnerons le 8 octobre à actOral, à Marseille. Mon père croyait que c’était une chanson ancienne. Alors je leur explique (mon père et ma mère parlent toujours ensemble au téléphone) ce que j’ai déjà beaucoup expliqué sur ce blog et ailleurs (les clichés qui sont ce qu’il y a de plus profond, la phrase de la Genèse, « Il y eut un soir, il y eut un matin » dont Duras disait qu’on ne pouvait rien écrire de mieux, etc.) Après que nous nous soyons dit au revoir, le combiné n’a pas dû être reposé car je les entends pendant encore un bon moment, ma mère, surtout, hésitante, essayer de retrouver les paroles dictées. Ma mère n’est pas sûre de tout ça. Je les entends dans leur intimité qui n’a rien de spectaculaire. A la fin de notre conversation, mon père m’a rappelé (mais, moi, je ne me souviens pas) : « Tu sais, dans la Sarthe, je t’avais dit que le grand bonheur, je ne le connaissais pas, mais que les petits bonheurs, un coucher de soleil, un oiseau sur sa branche… je les connaissais. » Alors je coupe court (c’est ce qui fait sans doute que le combiné n’a pas été reposé) comme un psy à la fin d’une séance : « Eh bien, il te reste à connaître le grand bonheur ! » C'est vrai, quoi, il n'est jamais trop tard. Confer La Mort d’Ivan Ilitch, la nouvelle de Tolstoï qui donne son nom au spectacle...
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