Marseille-Revue
L’Opérette marseillaise des origines jusqu’à Nathalie Quintane
Il y a quelque temps, j’ai passé commande à Nathalie Quintane (dont j’avais monté la remarquable pièce intitulée Blektre) de chansons pour Jonathan Capdevielle, Marlène Saldana et Thomas Scimeca. Elle m’a écrit une comédie musicale située à Marseille qu’elle a dénommée « opérette » : Marseille Massacre. Elle y fait référence à un genre aujourd’hui presque totalement disparu, la revue marseillaise. Pierre Courcelle a mis en musique ce livret et nous en avons donné une première version à France Culture en avril 2010. Lorsque j’ai rencontré Fabien-Aïssa Busetta qui m’a proposé, au nom du collectif La Réplique, d’organiser un stage à Marseille, je lui en ai parlé, presque par hasard. Bien m’en a pris. Fabien-Aïssa Busetta m’apprend qu’il est un descendant direct des propriétaires de l’Alcazar, à Marseille, le fameux music-hall détruit sauvagement après la guerre pour une opération immobilière. Il me parle aussi d’un théâtre magique appartenant à l’association caritative Art et Charité, le théâtre de L’Œuvre, où se donne encore, une fois par mois, un spectacle de music-hall. Les chanteurs sont très âgés et les spectacles sont sublimes. C’est ce théâtre à l’acoustique parfaite et qui ressemble à un théâtre fantôme comme ceux qui hantent les films de David Lynch que Fabien-Aïssa a réussi à obtenir pour le déroulement de ce stage. On ne pouvait mieux rêver.
Je bâtis tous mes spectacles à partir des lieux. Je transforme les théâtres en décor, en costume. Je l’ai toujours fait, plus les espaces sont beaux, plus, a priori, les spectacles sont réussis. « Le parfait voyageur ne sait où il va », a dit Lie Tseu, il y a très longtemps, en Chine. Oui, mais il y a les lieux. Les théâtres sont ces lieux du voyage immobile où l’on ne sait pas où l’on va…
C’est la première fois que je propose un stage sur un thème et avec des exigences si précises.
Ici, il s’agit d’un stage musical. De théâtre musical. Les participants doivent savoir chanter. Il s’agira d’explorer un genre musical populaire tombé en désuétude, mais, si on le retrouve dans sa source, extrêmement riche, varié et coloré, l’opérette marseillaise, genre lui-même venant de la « revue marseillaise » qui, pendant des générations, a rythmé, d’année en année, la vie des Marseillais (à partir du second Empire). Il s’agira d’explorer les manières de ce genre, d’explorer aussi ses liens avec l’opérette brechtienne, de voir aussi comment un genre, un art fantôme, plein de mémoire dans une ville elle-même pleine de mémoire et d'oubli, presque fantôme, peut servir à nous entretenir du monde moderne et de notre vie sentimentale dans la cité.
Il s’agira tout autant de partir d’un genre que d’un théâtre, le théâtre de l’Œuvre. Et, par là même, d’une ville et d’un « tout » : vivre dans la cité, vivre tout court. Vivre soi, les autres, Antigone…
Un assistant pianiste et compositeur servira aussi ce travail à partir de l’opérette et à partir de l’espace même du théâtre de l’Œuvre, mais qui mettra les stagiaires-interprètes au centre.
Une présentation de fin de stage est prévue devant un public dans le cadre du festival actOral (dirigé par Hubert Colas).
Un stage dont la précision et l’ambition – remettre au goût du jour un art populaire de haute mémoire (art qui continue de hanter Marseille) – devrait attirer beaucoup d’artistes « vrais », c'est-à-dire passionnés.
Des auditions seront organisées si nécessaire (pour départager les candidats).
Yves-Noël Genod
Objectifs du stage :
Mise en relation du stagiaire avec le répertoire de la revue marseillaise.
Travail à partir de ce répertoire.
Travail à partir des outils offerts par ce répertoire et ce genre (tel que les a définis l’historien Pierre Echinard dans le texte placé en annexe).
Mise en relation avec le répertoire de Brecht/Weill.
Mise en relation avec l’œuvre contemporaine de Nathalie Quintane, Marseille Massacre.
Mise en relation avec la réalité urbaine. Inventer Marseille.
Lien de la fantaisie et du réel.
Lien avec la chanson populaire contemporaine (Lady Gaga…)
Travail plus spécifiquement théâtral d’ « habitation » du lieu, le théâtre de L’Œuvre, travail à partir d’un lieu, inspiré et déterminé par un lieu, un décor.
Création de chansons et de scènes spécifiquement inventées par l’interprète à partir de ses improvisations, soit en se servant de musiques existantes et en inventant des paroles (comme le faisait la revue marseillaise), soit en mettant en musique des paroles existantes, soit en inventant l’ensemble, parole et musique.
Travail de création de personnages archétypaux contemporains sur le modèle des revues marseillaises, réalisme burlesque, naïveté, fleur-bleue, etc. – et leur mise en relation dans des saynètes, des tableaux. Travail sur le costume, les accents, etc.
Travail de création d’un spectacle in situ. Construire.
Travail avec les autres.
Etre soi-même. Etre « vrai ». Jouer. Jouer à l’être. Ne rien faire. Vivre. Vivre avec les fantômes. Etc. Vivre avec ses contemporains. Avec le monde. La nature du monde. Etc.
Yves-Noël Genod
« En huit tableaux et une apothéose, sur fond de Vieux-Port ou de Canebière, défilaient les personnages les plus divers : un vieux maçon, deux garçons de café, un député, un forçat, un camelot, un agent, deux gendarmes, un toréador, un pompier, une élève du Lycée de jeunes filles, une sœur de charité, un Brésilien, un chef de fanfare, un pharmacien, quelques allégories, la statue de Thiers et celle de Puget. Parmi les morceaux de bravoure : une « Fête de la Presse », habile moyen de se concilier les critiques, avec, figurés dans des costumes d'une grande richesse et d'une grande originalité, dix-sept journaux et périodiques marseillais. Autre réussite, une « bataille de fleurs ». Succès final, enfin, pour l'apothéose : « Salut de Marseille à Paris et à la France ! ». » (Extrait d’une étude de Pierre Echinard, Les Revues marseillaises.)
Il y a quelque temps, j’ai passé commande à Nathalie Quintane (dont j’avais monté la remarquable pièce intitulée Blektre) de chansons pour Jonathan Capdevielle, Marlène Saldana et Thomas Scimeca. Elle m’a écrit une comédie musicale située à Marseille qu’elle a dénommée « opérette » : Marseille Massacre. Elle y fait référence à un genre aujourd’hui presque totalement disparu, la revue marseillaise. Pierre Courcelle a mis en musique ce livret et nous en avons donné une première version à France Culture en avril 2010. Lorsque j’ai rencontré Fabien-Aïssa Busetta qui m’a proposé, au nom du collectif La Réplique, d’organiser un stage à Marseille, je lui en ai parlé, presque par hasard. Bien m’en a pris. Fabien-Aïssa Busetta m’apprend qu’il est un descendant direct des propriétaires de l’Alcazar, à Marseille, le fameux music-hall détruit sauvagement après la guerre pour une opération immobilière. Il me parle aussi d’un théâtre magique appartenant à l’association caritative Art et Charité, le théâtre de L’Œuvre, où se donne encore, une fois par mois, un spectacle de music-hall. Les chanteurs sont très âgés et les spectacles sont sublimes. C’est ce théâtre à l’acoustique parfaite et qui ressemble à un théâtre fantôme comme ceux qui hantent les films de David Lynch que Fabien-Aïssa a réussi à obtenir pour le déroulement de ce stage. On ne pouvait mieux rêver.
Je bâtis tous mes spectacles à partir des lieux. Je transforme les théâtres en décor, en costume. Je l’ai toujours fait, plus les espaces sont beaux, plus, a priori, les spectacles sont réussis. « Le parfait voyageur ne sait où il va », a dit Lie Tseu, il y a très longtemps, en Chine. Oui, mais il y a les lieux. Les théâtres sont ces lieux du voyage immobile où l’on ne sait pas où l’on va…
C’est la première fois que je propose un stage sur un thème et avec des exigences si précises.
Ici, il s’agit d’un stage musical. De théâtre musical. Les participants doivent savoir chanter. Il s’agira d’explorer un genre musical populaire tombé en désuétude, mais, si on le retrouve dans sa source, extrêmement riche, varié et coloré, l’opérette marseillaise, genre lui-même venant de la « revue marseillaise » qui, pendant des générations, a rythmé, d’année en année, la vie des Marseillais (à partir du second Empire). Il s’agira d’explorer les manières de ce genre, d’explorer aussi ses liens avec l’opérette brechtienne, de voir aussi comment un genre, un art fantôme, plein de mémoire dans une ville elle-même pleine de mémoire et d'oubli, presque fantôme, peut servir à nous entretenir du monde moderne et de notre vie sentimentale dans la cité.
Il s’agira tout autant de partir d’un genre que d’un théâtre, le théâtre de l’Œuvre. Et, par là même, d’une ville et d’un « tout » : vivre dans la cité, vivre tout court. Vivre soi, les autres, Antigone…
Un assistant pianiste et compositeur servira aussi ce travail à partir de l’opérette et à partir de l’espace même du théâtre de l’Œuvre, mais qui mettra les stagiaires-interprètes au centre.
Une présentation de fin de stage est prévue devant un public dans le cadre du festival actOral (dirigé par Hubert Colas).
Un stage dont la précision et l’ambition – remettre au goût du jour un art populaire de haute mémoire (art qui continue de hanter Marseille) – devrait attirer beaucoup d’artistes « vrais », c'est-à-dire passionnés.
Des auditions seront organisées si nécessaire (pour départager les candidats).
Yves-Noël Genod
Objectifs du stage :
Mise en relation du stagiaire avec le répertoire de la revue marseillaise.
Travail à partir de ce répertoire.
Travail à partir des outils offerts par ce répertoire et ce genre (tel que les a définis l’historien Pierre Echinard dans le texte placé en annexe).
Mise en relation avec le répertoire de Brecht/Weill.
Mise en relation avec l’œuvre contemporaine de Nathalie Quintane, Marseille Massacre.
Mise en relation avec la réalité urbaine. Inventer Marseille.
Lien de la fantaisie et du réel.
Lien avec la chanson populaire contemporaine (Lady Gaga…)
Travail plus spécifiquement théâtral d’ « habitation » du lieu, le théâtre de L’Œuvre, travail à partir d’un lieu, inspiré et déterminé par un lieu, un décor.
Création de chansons et de scènes spécifiquement inventées par l’interprète à partir de ses improvisations, soit en se servant de musiques existantes et en inventant des paroles (comme le faisait la revue marseillaise), soit en mettant en musique des paroles existantes, soit en inventant l’ensemble, parole et musique.
Travail de création de personnages archétypaux contemporains sur le modèle des revues marseillaises, réalisme burlesque, naïveté, fleur-bleue, etc. – et leur mise en relation dans des saynètes, des tableaux. Travail sur le costume, les accents, etc.
Travail de création d’un spectacle in situ. Construire.
Travail avec les autres.
Etre soi-même. Etre « vrai ». Jouer. Jouer à l’être. Ne rien faire. Vivre. Vivre avec les fantômes. Etc. Vivre avec ses contemporains. Avec le monde. La nature du monde. Etc.
Yves-Noël Genod
« En huit tableaux et une apothéose, sur fond de Vieux-Port ou de Canebière, défilaient les personnages les plus divers : un vieux maçon, deux garçons de café, un député, un forçat, un camelot, un agent, deux gendarmes, un toréador, un pompier, une élève du Lycée de jeunes filles, une sœur de charité, un Brésilien, un chef de fanfare, un pharmacien, quelques allégories, la statue de Thiers et celle de Puget. Parmi les morceaux de bravoure : une « Fête de la Presse », habile moyen de se concilier les critiques, avec, figurés dans des costumes d'une grande richesse et d'une grande originalité, dix-sept journaux et périodiques marseillais. Autre réussite, une « bataille de fleurs ». Succès final, enfin, pour l'apothéose : « Salut de Marseille à Paris et à la France ! ». » (Extrait d’une étude de Pierre Echinard, Les Revues marseillaises.)
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