A mi-mandat
Les choses les plus belles que nous avons à mi-stage. Laurence Bienvenu a fait aujourd’hui de très belles pages tirées du livre de Marie Depussée (sur Jean Oury). Vraiment étonnant, sur des pages et des pages, elle sait exactement de quoi elle parle. Cette même personne a fait une très belle chose avec Solène Arbel sur un bal, une scène de bal, tirée d’un roman américain, j’aurais dû demander le titre à Solène. Solène a fait Le Ravissement de Lol V. Stein, la scène de la rencontre avec Tatiana, les retrouvailles et elle l’a fait à la perfection. Inoubliable. Boutaïna El-Fekkak, dans le genre inoubliable, elle aussi, a donné Madame Bovary. En fait, elle m’a fait découvrir Madame Bovary, l’entendre, elle me l’a faite rencontrée, maintenant, madame Bovary, c’est moi aussi. (Mais c’est elle, surtout.) Clémence Prévault travaille sur Le Songe, de Strindberg, c’est très beau. Elle travaille aussi sur Mademoiselle Julie, mais, celle-ci, je ne l’ai pas encore rencontrée. Aurélie Cohen fait deux très beaux poèmes de Peter Handke (tirés du spectacle de Mladen Materic) et un texte de Botho Strauss (Le Temps et la Chambre) qu’elle a réussi à marier d’une manière étonnante (virtuose) avec du Léonce et Léna réactivé par Guillaume Barbot. Un très beau (riche) duo. Guillaume Barbot, une présence à la Jim Morrison, gothique, voire mystique, inquiétante, mais, parfois, dans le jeu, proche physiquement de Stanislas Nordey, c’est étonnant, le sourire… Un autre duo arrivé parfait dès son apparition, mais qu’on a du mal à retrouver, c’est Clémence Prévault et Vincent Dedienne. Magique, mais instinctif, on essaie de le travailler, on le perd. Rémy Berthier a fait un Duras aussi, L’Homme atlantique, très beau, très net (le contraire du « rêve », comme le voulait Duras), mais d’une manière totalement inattendue, soit en faisant l’animal (d’une manière complètement dissociée), soit le magicien (Rémy Berthier est prestidigitateur). C’est très réussi, riche. Il fait aussi très bien aussi Jean Oury (dans le texte sur Œdipe). Et il improvise toujours très bien. Pauline Mereuze qui vient d’arriver est très à l’aise. Elle s’est trouvé un costume parfait pour L’Île des morts comme apparaît parfois, par mauvais temps, le théâtre en plein air, sauvage et austère, noir et romantique, dans lequel nous travaillons depuis quelques jours (les orgues de Montpeloux). Elle a une mémoire de théâtre très activée (elle a joué toute l’année Les Acteurs de bonne foi, sous la direction de Jean-Pierre Vincent) et peut sortir des pans entiers du répertoire un peu dans le désordre. C’est son deuxième stage avec moi, à Pontempeyrat (c’est une sociétaire). On travaille aussi, à tous, sur l’Antigone d’Hölderlin et La Chevauchée sur le lac de Constance, de Peter Handke.
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