Saturday, August 20, 2011

Paranormal Activity

ou les pavots soporifiques



Olivier me proposait de dormir avec lui, « Y a pas plus intime que de dormir avec quelqu’un. » Ok, oui. La veille, il voyait Patrice. (Donc c’était pour le lendemain.) Il fallait aller voir Melancholia rive gauche (c’est-à-dire malheureusement pas avec François Olislaeger et sa petite au Max Linder, François et Olivier sont deux cadeaux différents). Il fallait ensuite aller boire des Morito (quatorze euros pièce) au nouveau bar à la mode, le Schmuck ; à la mode puisque Catherine y va (c’est près d'chez elle). Complètement bourrés, peut-être, dans mon cas, avec le mélange avec la maladie de Lyme qui me fatigue tant. Felix me propose d'ailleurs une nouvelle sorte de « thé » qui le soigne très bien, en ce moment ; j’en profite pour le noter ici pour ne pas l’oublier : en latin, le radix dipsaci, un chardon, et on fait le thé avec la racine de cette plante. (Renseignements pris pour mon médecin.) – Et puis donc on rejoint l’appartement de la rue Michelet où Olivier est seul jusqu’au 4 septembre (ça aussi, je le note pour ne pas l’oublier...) Moi, je tombe immédiatement, comme toujours ces temps-ci (la Corse...) et puis, en fait, il est tard, quand même – mais, lui, Olivier, il regarde un film d’horreur (qu’il choisit sur une plateforme de téléchargement). Pourquoi un film d’horreur ? Ça le calme. C’est la seule chose qui le calme vraiment et lui permette de s’endormir. (Enfin, après qu’il l’ait vu en entier.) Tout ça, Olivier me le raconte le lendemain parce que, moi, la nuit – c’est d’ailleurs un des avantages de cette maladie qui me ravit (l’avantage, pas la maladie), c’est que je tombe dans les bras de Morphée et que vous pouvez partouzer à côté de moi ou regarder des films d’horreur sur des écrans plats géants, je n’en ai absolument aucune conscience (moi, auparavant, si fragile…) Je lui demande : « Mais avec les cris et tout ? » Il me répond qu’il baissait le son quand c’était les cris. Il me dit que, quand il a peur, le fait d’avoir quelqu’un à ses côtés le rassure. Par exemple, il a bien eu peur à Paranormal Activity 2, un truc hyper réaliste, genre télé réalité. (Je ne lui demande pas qui était à ses côtés.) Mais, hier, il n’a pas eu peur, le film était stupide. Grace. Une femme accouche d’un bébé vraiment laid, sale au point d’attirer les mouches et qui ne se nourrit, voyez-vous, qu’avec du sang. Le mystère – ou ce que je n’ai pas compris – c’est que la mère est tout de même en adoration devant cette – petite fille ? – créature infecte et dangereuse et qu’elle la laisse lui pomper son sang au sein tout simplement à la place du lait. Alors, comme ça l’anémie (forcément), elle essaie de trouver des solutions. Du sang de bœuf… Mais la pauvre fille vomit le sang de bœuf, elle le digère pas (manque de bol), ce qu’il lui faut, c’est du sang humain ! Alors, avec l’aide d’une comparse (une nourrice ?), on en tue quelques-uns. Ça promet quelques scènes. Et puis, ultime rebondissement, un jour, la petite fait ses dents. (Parce que, jusque là, c’était, on sait pas comment elle fait, de l’aspiration.) Alors, là, c’est mare de sang et sein – adorablement – dévoré. Olivier me raconte le film un peu tard dans la journée, nous sommes sur la pelouse « Central Park » du jardin du Luxembourg, et s’aperçoit qu’il ne s’était pas rendu compte que le film a dû influer sur ce qu’il m’avait dit précédemment. Je lui avais en effet raconté plus tôt que j’allais peut-être faire un peu de radio, qu’il y avait une émission déjà de prévu le 29 – sur le thème de l’adoration – et Olivier avait rebondi, toujours vif (je l’ai noté) : « Adoration, ça me fait penser à dévoration, tout de suite ! » Et, plus tard, il avait développé : « Lacan comparait l’amour maternel à la gueule ouverte du crocodile ; la mère étant là pour dévorer l’enfant – dévoration – adoration. » Et c’est vrai que l’« amour », quand on m’en parle, quand Sollers en parle, par exemple, dans une vidéo que j'ai vue hier sur son site, me fait souvent penser à ma mère. La scène des pétoncles, au marché de Daoulas, par exemple, l’hésitation des pétoncles, je dirais, il faudrait que j’en parle. Daoulas, « les deux crimes »... C’est cet amour-là que je connais très bien. (Cet amour-là, tiens…) L’amour dévoration. Ou bien encore : « L’amour, c’est pas toujours agréable », la célèbre phrase de Marguerite Duras. (Je vous raconterai si c'est pas déjà fait.) Tout ça se passait dans le lit matrimonial d’un appartement bourgeois de la rue Michelet dont parle Olivier dans le roman à paraître aux éditions Gallimard, collection blanche, en février 2012 et qui a pour titre Bohème (le manuscrit circule bien sûr sous le manteau, s’adresser au journal avec lettre de motivation, photo et une adresse timbrée).

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