Monday, August 01, 2011

La Caverne de l’absence de lune

J’étais tellement ému qu’une belle fille comme ça, dont je n’avais plus entendu parler depuis des années me dise tout à trac qu’elle lisait mon blog – et tout ! – et, quand elle ne le lisait plus, elle rattrapait ensuite le temps perdu – et alors – mais sans se plaindre – qu’est-ce qu’il y en avait, tout un stock... (Moi qui en rajoute pour perdre des lecteurs…) On avait passé la journée à visiter des grottes – en vue d’un spectacle. Il y avait eu une imprudence, quelqu’un était tombé dans un trou. On avait fait un feu dans la grotte pour voir si la fumée était supportable, trouvait à s’échapper. En fait, la fumée, non, ne désirait pas tant que ça s’échapper. Elle envahissait, elle emplissait tout l’espace de la grotte, elle restait, gentiment alourdie par l’humidité. Mais on était resté longtemps à regarder les merveilles de cette fumée, le brouillard vivant à l’intérieur de la grotte déjà noire. Les corps disparaissaient, il n’y avait plus que la voix, le feu rougeoyait, c’était « immémorial ». Puis quelqu’un était tombé dans le trou, ce qui avait provoqué un début de panique, lampe cassée, sortie du rêve, évanouissement. On avait réussi à nous diriger comme à tâtons (comme à regret) vers l’entrée de la grotte. J’avais encore crié, en voyant l’orifice au loin : « Mais il fait nuit ! » et Emmanuelle avait crié encore : « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Avions-nous passé beaucoup plus de temps que nous en avions la sensation dans cette grotte magique et maléfique ? Mais, en progressant encore difficultueusement vers le trou de l’au-dehors, je constatais que la fumée avait noirci le ciel bleu, les feuillages tendres des arbres et que la clarté, oui, renaissait – comme toujours la clarté renaît. Et, le soir, Valérie Brau-Antony devait nous rejoindre pour dîner au village.



The Sun to me is dark
And silent as the Moon,
When she deserts the night
Hid in her vacant interlunar cave




Je pense à elle en lisant ce fragment d'un poème de John Milton parce qu’elle s’est diminuée quand elle m’a dit qu’elle lisait mon blog, elle a dit quelque chose comme : « Enfin, j’ai du mal quand c’est en anglais… » (C’est quand même très, très peu en anglais…) La soirée était délicieuse. On traînait sur une terrasse en buvant des apéros – et après on a dû avaler des pizzas en quatrième vitesse parce que je reprenais le train de nuit à Lourdes pour Paris. Sur la route, on s’est arrêté pour jeter encore un coup d’œil à la serre au crépuscule. La serre est la possibilité de repli – si nous ne jouons pas dans la grotte. J’ai demandé à Valérie – si elle publiait un blog, elle-même, elle avait dit qu'elle l’appellerait Valoche des Pyrénées, je trouvais ça parfait – de parler un peu pour l’acoustique et je l’ai vue un peu bouger, murmurer de son corps. C’est vrai qu’elle s’est un peu arrondie (sa mère le lui reproche), mais ça lui va bien, je trouve. Elle a l’air d’aller bien, Valérie Brau-Antony. Elle lit aussi le blog d'Olivier Steiner.

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