En pleurant
C’est très difficile à lire, ton livre, c’est pure émotion. Heureusement, il y a quelques passages ennuyeux – mais si peu – et sans doute nécessaires. C’est étonnant d’avoir parlé d’un livre – d’avoir imaginé un labeur – et de l’avoir, là, sous les yeux. Comme toujours avec toi – et depuis le début – j’essaie d’imaginer ce qu’un autre que moi aimerait ou n’aimerait pas dans ton texte sans y parvenir. Je n’y arrive pas car je suis tombé amoureux de toi par ton écriture, que, ton écriture, je ne peux la détruire (malgré, peut-être – qui sait ? – mon envie) et que je suis enlacé à en pleurer par ce qui m’a peut-être le plus ému de ma vie (et comme je te l’ai toujours dit). C’est très étrange d’avoir avec soi la LITTERATURE et l’idée qu’elle soit ou non publique n’importe pas. (Si tu étais YSL, on ferait une maison de couture, mais la publication éventuelle d’un livre ne changera rien à ta vie.) J’ai honte de vivre séparé de toi, mais je ne le suis pas. Je ne me souvenais pas que tu avais tant souffert. Sorry. (But les pages sont belles.) Tout me fait chier à part ce livre et le fait que tout me fasse chier est ce livre. Je suis dans mon lit, la nuit, à Paris, comme j’imaginais Marguerite Duras lisant le manuscrit de Jean Pierre Ceton, je suis en avion et je suis dans un pays étranger – lequel est-ce ? Il y a quelques minutes, c’était le Danemark et l’on a franchi un pont – toi et moi – un long pont qui traversait la mer – et, cette fois, c’est la Suède. Il faut s’habituer, la langue a changé deux fois, et la monnaie. Heureusement il y a l’anglais et… toi... mon secret, l’absolu, équivalent à mourir, indifférence à la vie, au paysage, et cette indifférence adorée, célébrée, recherchée, car c’est toi, ton espace, ton amour, notre impossible amour – dans ce monde faux, toc, rigolo, le dédain des autres, le mépris des autres, le massacre, la tuerie, nous tuons le monde et le monde détruit est notre espace. Nous n’existons pas, que de chair encore, puisque tu la nommes. Non, je ne suis pas libre de ton amour, je m’en fous – je me fous de tout – plutôt rouler dans le fossé, plutôt vomir comme un déchet –-
Labels: pierre
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