Saturday, December 10, 2011

Splendeur de fille(s)




Fanny Ardant, dont je suis le fan adolescent depuis seulement quelques semaines (malgré mon grand âge, j’étais passé, jusque là, sans la voir) et par le truchement de mon nègre et néanmoins ami Olivier Steiner, triomphe en ce moment au théâtre de l’Atelier et c’est mérité. J’aurais voulu crier bravo aussi longtemps qu’à un concert de Barbara (La Callas ?), mais elle arrête d’un geste bref adressé à l’éclairagiste (et donc au public), « A mourir pour mourir, je choisis l’âge tendre… » J’ai été sidéré par la précision et la maîtrise de son art, de son intelligence, de sa confiance et de sa force de femme, je débarque : je suis amoureux. Je n’ai jamais encore rencontré ce théâtre, celui qu’elle propose, dans l’une de mes représentations, mais je l’ai rencontré en stage – ce stage fameux, « Jouer Dieu », par exemple, qui sera peut-être encore reconduit cette année – je l’ai rencontré avec le travail (mais j’ai tort de nommer, je vais en oublier) de Sandra Iché (sur la première version de L’Echange), de Boutaïna El Fekkak (Madame Bovary), de Solène Arbel (Lol V. Stein), d'Armelle Letanneux (Anaïs Nin)… Le travail de récit incarné à partir de textes. Je hais le théâtre de texte, mais pas quand c’est une femme (de cet accabit) qui le fait, qui le diffuse, qui le dispense – est-ce que j’ai manqué des histoires de ma maman ? C’est possible, c’est possible… Fanny Ardant, c'est la splendeur de fille ! En plus, on est allé (grâce à mon ami Olivier Steiner) la voir en coulisse, échanger quelques mots, en plus, c'est là que je l'ai constaté : nous faisons le même métier... Elle a dit que ç'avait été quand même une gageure de faire ça, de réussir ça, par ces temps de crise où on dit que les gens n'ont qu'une envie, celle de se distraire, de s'amuser. J'ai dit qu'en effet, c'était faux, ce dont les gens avaient le plus envie, ce n'était pas de rigoler ou de se distraire des mauvaises pensées, non, ce dont les gens avaient le plus envie, particulièrement aujourd'hui, dans cette fameuse « crise période » (mais on sent bien que ce sera pour toujours), c'était de vivre. Et c'est ce qu'elle proposait avec conscience, confiance, détermination, bonté : vivre ! Pas besoin, monsieur Lonsdale, d'aller manifester contre le théâtre du Rond-Point, vous vous trompez de combat, le combat, c'est de vivre.

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