Saturday, December 24, 2011

Démonstration de soi




Il y avait toujours cette réflexivité, j’avais envie d’écrire. La vie était belle, la vie était pleine, mais la vie était pleine de manque. La vie était bonne, mais la vie était curieusement pleine de manque. Il suffisait d’un manque, d’un petit manque pour que tout fût dépeuplé. Il suffisait d’un manque pour que tout fût terni et que Dieu n’existât pas. J’avais rencontré Audoin dans le train, on avait parlé de la messe de Minuit, de la croyance, des efforts pour croire, et, maintenant, je me réveillais chez mes parents en me disant que, peut-être, ce soir, j’allais aller à la messe de Minuit. Comme solution. Pour prier. Pour prier pour une chose précise. Ce manque d’amour.
La dernière fois où je m’étais approché de croire, ç’avait été avec Pierre. On rôdait autour des églises, on s’approchait de ce qu’Audoin essayait de nommer, peut-être la « communauté ». Pierre, son histoire était écrite. Son histoire et moi. C’était un livre, un livre entre guillemets, un manuscrit. Entre guillemets. Tout changeait, je me demandais jusqu’à quand on allait faire le geste pour « écrire » du pouce et de l’index tenant un crayon qui forme des lettres. Je me demandais jusqu'à quand on allait faire pour « film » le geste de faire tourner la caméra. Un jeune Dieu était arrivé pour tout propulser dans l’espace. Ryan Tricartin. J’avais dit à Marlène que j’en étais comme déprimé. Elle m’avait dit, Ah, ben, pas moi du tout ! J’avais rectifié ensuite : « Ce n’est pas que ça me déprime, c’est que je me suis demandé si je ne devais pas annuler mon voyage au Mexique pour venir étudier tous les jours cette expo… Si longtemps que l’Art ne m’avait pas impressionné comme ça, c’est-à-dire que tout est beau, tout est vif… mais, là, il y a aussi du NOUVEAU. » L’exposition de Ryan Tricartin et Lizzie Fitch était totalement renversante. Je la comparais à l’apparition de Michael Jackson et de son disque qui fit son succès (Thriller ?) : d’un niveau incomparablement au-dessus.
Nous étions en Italie quand Michael Jackson était mort. La musique passait en boucle partout dans les rues les restaurants, à la grande joie de Clélie.

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