Monday, February 13, 2012

Marie Plantin




Bonjour Yves-Noël,

Voici un bail que je ne vous ai écrit ni que je n’ai écrit sur vous. Et pourtant, si je puis me permettre, vous êtes une de mes muses préférées.

Voilà, j’étais là pour La Mort d’Yvan (sic) Ilitch et j’ai mis en ligne un papier vendredi, que voici :
http://spectacles.premiere.fr/pariscope/Theatre/Salle-de-Spectacle/Spectacle/La-Mort-d-Ivan-Ilitch-2897054/%28affichage%29/press

Je suis revenue samedi pour Une saison en enfer et ce fut un délice.

Bien à vous,

Marie



Voici qui donne du baume au cœur. C'est-à-dire que la représentation d'hier était mauvaise – d'une manière incompréhensible (parce que c'est quand même pas difficile à faire...) – et que j'en ai pas dormi de la nuit. Peut-être un sort jeté à Thomas ou que Thomas lui-même...
Mais voici que le rougissement du cœur que vous provoquez va me permettre de revenir à la vie (et d'entamer la journée, il serait temps !)

Je descends jusqu'à vos pieds vous remercier de la bonté dont vous me témoignez, très heureux que vous ayez pu, comme dit Rimbaud, « saluer la beauté » avec ce spectacle,

Yves-Noël






La Mort d'Ivan Ilitch
Théâtre critiques

du 07/02/2012 au 12/02/2012

La critique de la rédaction
Malgré son titre qui reprend à l’identique celui d’une nouvelle de Tolstoï, La Mort d’Ivan Ilitch ne donne à entendre aucun mot de l’écrivain russe. Pas une ligne, pas un personnage. Yves-Noël Genod n’est pas et ne sera jamais là où l’on pourrait l’attendre, l’envisager. Car lui-même se laisse la possibilité de ne pas savoir où il va avant même l’engagement dans le travail de plateau. Ce n’est pas une posture ou une imposture mais une démarche sensée, fruit d’une expérience de vie et de théâtre, d’un goût immodéré pour la liberté. Il taille son œuvre sur mesure sur la peau de ses comédiens. A partir de ce qu’ils charrient d’imaginaire. A partir des dons de chacun. Ici, Thomas Gonzalez est seul en scène, chose rare chez Yves-Noël Genod. Un physique tout droit sorti d’une toile du Caravage, un jeune garçon dont les boucles brunes encadrent un visage angélique, mâture et poupin à la fois. Il n’y a pas de mot pour dire la beauté de cet acteur. Il n’y a pas de mot pour dire la beauté de ce spectacle. Il n’y a pas de mot pour dire la beauté. Il y a cet acteur vêtu puis nu qui arpente la scène en fredonnant des chansons de Julio Iglesias. Le détachement des paroles dans le silence. La lumière d’un néon dans l’obscurité. Une cigarette qui se consume dans une flaque de pisse. Une prise qui se débranche et le noir soudain, entier, vrai, qui nous reconnecte à nous-mêmes. Chez Yves-Noël Genod, la cage scénique porte mal son nom de prison tant elle s’ouvre à nous, béante et profonde, pleine de fantômes. Comment dire cette sensation de tout dans si peu ? Ce n’est pas par avarice qu’Yves-Noël distille au compte-goutte une substance scénique ténue. Rien en trop ne vient brouiller ce paysage intérieur dont le dépouillement devient plénitude. Il a du flair, Yves-Noël, une intuition hors du commun. Une élégance incomparable. Lui qui sait si bien être du côté du foisonnement et du fantasque, invente une forme épurée dont l’équilibre parfait se construit sur le fil de grands écarts oxymoriques réinventant la lumière par les ténèbres, le silence par le sillon d’une voix, la mort par la vie, l'éternité par la finitude, le rire par les larmes, l’amour par la mélancolie, le sublime par la chair à nue, le vertige philosophique par l’émerveillement poétique... La scène devient la caisse de résonance de l’imaginaire de chaque spectateur étreint dans une même expérience, puissante et déconcertante. Yves-Noël Genod est si libre qu’il n’a pas peur de rendre les autres aussi libres que lui. Et nous de dire de lui qu’il est un génie.

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