Saturday, May 05, 2012

Gueule de bois




J’émerge peu à peu-je vais émerger. J’écoute la radio (l'émission d'Arthur Dreyfus que je ne connaissais pas) et le soleil commence à fuser, percer, quel est le mot ? jusqu’à l’ordinateur, jusqu’au cœur, jusqu’au crâne (Comme crâne, comme culte). C’est une émission de chansons. Ma maison est un lac, mais c’est presque un jardin… Je suis dans l’imaginaire du jardin, en ce moment, et je m’inquiète : l’imaginaire suffit. Philippe Gladieux me dit qu’il est dans la forêt de Fontainebleau. Il est allé présenter sa fille à sa tante qui est dans un couvent. Il se promène maintenant dans la nature épaisse. Il m’envoie une photo, espèce de jardin zen avec les rochers. J’ai la gueule de bois parce qu'hier, je suis resté au moins jusqu’à quatre heures à parler avec Dominique Mercy, il y avait un espace qui s'est ouvert. Je crois, peut-être pas au début, il avait envie d’être avec des amis plus intimes, mais finalement j’étais aussi l’ami intime. Boire ensemble. Ce serait très difficile de dire à ceux qui ne l’ont pas vécu ce qu’il s’est passé avec 1980, une pièce de Pina Bausch. En tout cas, Dominique Mercy était plein de confidences. Il disait souvent : « J’ai l’air de révéler un secret, mais… » ou : « Puisque nous sommes sur le registre de la confidence… » Comment partir, comment ne pas boire ? Nous sommes vivants, nous sommes amis. Le bonheur de la vie, à partir d’un moment, c’est de voir qu’elle continue. Nous étions déjà là, 1980 (j’avais huit ans). Et nous le sommes encore – 2012. Trente-deux ans nous séparent d’une absence de distance. J’ai appelé Claude Régy pour son anniversaire, le 1er mai. Il va retravailler avec des acteurs très anciens. Le retour de Yann Boudaut, de Nichan Moumdjian, d’Olivier Bonnefoy. C’est étonnant. J’admire aussi beaucoup la fidélité de François Tanguy, mystérieuse. Mais ce mystère, c’est 1980, une pièce de Pina Bausch qui le montre le plus, qui le fait ressentir. Déjà, à l’époque, la pièce disait la vie, et, maintenant encore, elle dit la vie. Dominique Mercy, pendant la nuit, chantait de temps en temps des extraits d’opéra avec Nicolas Johnson et – son nom m’échappe, réalisateur, son ami… – il est vrai que j’étais aimanté comme depuis toujours par Nicolas. Il y avait aussi un violoncelliste russe un peu froid qui s’appellait Alexandre. Comme j’ai déjà un Alexandre dans ma vie – là, en ce moment – j’ai proposé de l’appeler Sacha. J'ai demandé à Jane Birkin si elle n'était pas libre. Mais, non, elle ne l’était pas, évidemment, Jane, très gentille, très belle – le fameux secret du sourire. La nuit, la lune, le ciel sont des jardins inversés. Maintenant, la petite était fatiguée et elle pleurait. « Mais, enfin, c'était Demarcy-Mota, c'était le directeur de ce théâtre, je ne pouvais pas ne pas lui parler », disait Valérie Dréville. La petite avait aussi désirer très fort les chocolats de Dominique, un cadeau que maintenant Dominique recouvrait soigneusement avec une serviette de papier pour que personne n'en fasse autant ni ne les lui vole.

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