Paris,
le 15 mai 2012.
Bonjour
Messieurs les ayant droits,
Je
soussigné, Yves-Noël Genod, metteur en scène, sollicite votre accord pour
l'utilisation du dernier livre d'Hélène Bessette, Si, publié par Laure Limongi que
je viens d'avoir au téléphone et qui pourra vous expliquer mon projet. Je
travaille le plus possible avec le hasard. C'est pourquoi le spectacle annoncé
au théâtre du Rond-Point, à Paris, n'est pas celui qui se prépare en ce moment.
J'ai rencontré, lors d'une émission de radio, il y a dix jours, Valérie
Dréville qui m'a appris que la production d’un projet qu’elle avait venait de
se casser la gueule. Je lui ai proposé de me rejoindre illico et je lui ai
demandé sur quoi elle pouvait alors avoir envie de travailler. Valérie Dréville
est à mes yeux (et à ceux de beaucoup) la plus grande actrice française de
théâtre et cela depuis vingt ans. Je lui avais écrit une lettre à l'époque de
la publication du Bonheur de la nuit (qui m'a permis de découvrir Hélène Bessette),
que je ne voyais qu'elle pour jouer un texte pareil, si proche de ce qu’Arthur
Rimbaud disait : littéral et dans tous les sens. Cette lettre était alors
restée sans réponse, mais Valérie m'a fait part, il y a donc quelques jours à
la radio, de son désir de commencer un travail sur Si qu’elle découvrait. Je vous
raconte ça parce que je ne sais pas parler de mon travail, surtout lorsqu'il
est en cours. Ce que je peux dire, c'est que c'est un travail sur le vivant et
sur son apparition, « l'état de l'apparition », comme disait
Marguerite Duras, et que la première répétition – dans le lieu, dans la lumière
– est déjà, en fait, le spectacle achevé. Tout consiste ensuite – et c'est très
difficile – à trouver les moyens de ne pas perdre, de recueillir cet état
d'inachèvement et de commencement éternel, éternel écoulement vivant. Je
suis, en ce moment, bouleversé que Valérie Dréville arrive déjà, immédiatement
comme je le pressentais, à faire revivre le fleuve tumultueux, vivant, dingue,
complètement singulier et qui semble pourtant concerner tout le monde, d'Hélène Bessette. Valérie
Dréville et moi-même travaillons beaucoup sur la résonance (c'est l'art du
théâtre). Avec Hélène Bessette, écrivain majeur du siècle, c'est immense (et
facile). Le choix des extraits n'est actuellement pas arrêté et il est fort
possible – comme c'est le commencement d'un travail – qu'il ne soit même jamais
fixe et de durées très variables. (C'est pourquoi je crois qu'il serait
préférable, pour les droits, d'établir un forfait.) Les livres d'Hélène
Bessette seront bien sûr en vente à la librairie du théâtre et les références inscrites
dans le programme. Voici le projet étrange – mais simple – pour lequel je
sollicite votre accord de dernière minute. En effet, merci de me répondre au
plus vite, la première du spectacle étant programmée le 31 mai. (Nous jouons
jusqu'au 24 juin.) Le titre du spectacle, choisi l'année dernière ne correspond
en rien au projet Bessette et n'a pas pu être changé bien entendu sur les
supports et les affiches (il le sera probablement dans la feuille de salle),
mais il n'est pas non plus anti-bessettien, je pense : il s'agit d'une phrase d'un garçon de café parisien : Je m'occupe de vous
personnellement.
Je vous assure, en tout cas, que je m'occupe moi-même personnellement et avec tout mon cœur de la
résonance et de l'impact que pourrait produire, en ce mois de juin 2012, à
Paris, l'écriture d'Hélène Bessette, particulièrement de son roman Si.
Je
joins une critique de mon dernier spectacle présenté à Paris (en mars), Chic
By Accident.
http://blogs.rue89.com/balagan/2012/03/12/chic-accident-de-genod-un-serpent-une-sandale-des-acteurs-nus-226890
Dans
l’espérance de votre réponse, je vous assure, Messieurs les ayant droits, de
l'assurance de mes sentiments les meilleurs
Yves-Noël
Genod
Labels: rond-point
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