« Un spectacle de fin du monde qui ouvre un nouveau soleil »
« (…) c’est donc une adoration parfaite du monde d’avant qui n’existe plus et des
éléments qui prennent le dessus : Olivier Steiner, c’est à vous…
– Alors,
ouh, là, là, ce spectacle est du vif-argent ! Et qu’on se le dise :
toute tentative d’élucidation ou de saisie par la parole ou l’écriture est
vouée à l’échec. Autant entrer dans l’inconscient d’une poule ! Hier,
c’était radieux. C’était l’été avant l’heure, c’était la fin du monde, c’était post
disaster, presque trop
chaud et les peaux furent moites. (…) Porte Maillot, nous dépassons Frédéric
Beigbeder qui est dans un taxi avec 2 jolies filles. Ils doivent être sur le
chemin de Roland-Garros. Jardin de bagatelles, les iris sont en fleurs, les
rosiers, j’en parle même pas. Incroyables tiges, formes sexuelles et baroques,
couleurs inouïes. Il y a même un iris noir (…) Cueillir les fleurs de
Bagatelle, mais autant entrer dans le Louvre et en profiter pour ramasser La
Joconde et deux
Poussin ! (…) Je déjeune d’un tartare à l’ombre. (…) Sans doute des gens qui
s’étaient trompés de salle. Ou de vie. Ou les deux. Je rassure et console Yvno
parce que il y a des gens qui l’attendent pour l’insulter. Je lui dis :
c’est le succès, la légende est en route. Il faut dédramatiser les départs.
Pense à Hernani. Au Boléro, de Ravel. Pense à Patrice Chéreau. Il
avait reçu des menaces de mort quand il montait la Tétralogie, à Bayreuth, en 76. J’offre le morceau
de pastèque à Dominique Uber. Ses grands yeux ronds et bleus sourient un merci
étonné. Tout est nouveau. Tout a encore changé et ce sera comme ça jusqu’au 24
juin. 22 spectacles différents, quand je dis « différents », je veux
dire « différents », qui diffèrent, à part, autres, distants,
dissemblables, inhabituels, séparés. Je ne parle donc pas de variations ou
oscillations dues à l’impro. C’est autre chose. A chaque fois un autre temps,
d’autres corps, et une nouvelle histoire. D’ailleurs Valérie Dréville a changé
tout son texte (…) Valérie Dréville que j’appellerai désormais Vérité Dréville. (…) Un athlète danseur,
jeunesse insolente, réinvente en soirée L’Après-midi d’un faune. (…) Dominique dévore la pastèque.
Dominique est juteuse à souhait. Vampirique. So Sex in the city. My God. Marlène fait des apparitions
et des disparitions. Marlène Saldana, je l’adore. Comme un péché mignon, je
l’adore depuis longtemps. Mais, là, je suis éberlué par la finesse, la
discrétion de son jeu. Marlène a 2 sœurs jumelles, la délicatesse et la
vulgarité. Je kiffe Marlène Saldana ! Et je reviens à Vérité Dréville. Le
soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement. Drrréville est une
trrragédienne prrrimesautière. Je fonds d’amour quand elle n’arrive pas à prononcer
le mot « ddrrrame » : ddrrrame… ddrrrame… ddrrr… ddrrre…
drrrame… âme, dame… drame ? Pique et pique et coulé drrrame… Anne Issermann
glisse sur le plateau, monte dans les gradins et chante a capella Smile. (…) « Souris même si ton cœur est
douloureux. » Sublime. Yves-Noël demande à ses spectateurs d’avoir du
talent. A ses comédiens, il demande d’être. Inversion des rôles. »
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