Jamais un coup de dé n’abolira le hasard
Marseille, faculté
d’épuisement. C’est-à-dire, baignade dans la ville très minérale – je pensais
aux larmes, à la lourdeur de l’eau, au remplissage lourd des larmes qui
s’épuisent sur cette terre, la citation : « The tears of the world
are a constant quality. For each one who begins to weep, somewhere else another
stops. The same is true of the laugh. » Et puis il y avait eu l’aube au
cœur de la ville sur les toits, les terrasses d’un appartement vide, délabré,
ouvert sur plusieurs étages (quatre), avec des escaliers partout imaginés,
dissimulés qui se terminaient encore en une série de terrasses superposées, un
château, un pays, des saisons – et donc, l’after, c’était là… Et puis au retour
à pied, Florent m’avait raconté qu’il n’avait pas été amoureux pendant sept ans
à cause d’un amour qui l’occupait sans qu’il le sache et qui s’était fini à un
moment très précis qui l’avait enfin laissé libre.
C’était évident que c’était mon cas : je n’étais pas libre de l’amour de
Pierre Courcelle comme il est dit à peu près dans India Song. Et ça me faisait chier, j’aurais bien voulu vivre
encore un amour, mais je n’étais pas libre… Je n’aimais pas la dépendance, je
n’aimais pas Dieu pour ça, la dépendance… Je ne croyais pas en Dieu ni à Pierre,
je démentais et pourtant je n’étais pas libre de cet amour-là.
Depuis quelques jours, je regardais même sur mon bureau un portrait de Pierre
où je le reconnaissais bien. On voit qu’il est bien « agencé ». Ce
n’est pas les traits, mais on voit comment la matière s’est agglomérée avec une
bonne énergie, une bonne santé, une vitalité pour faire la tête de Pierre,
on voit comment ça fonctionne… Ce portrait (je ne sais plus de qui, c’était à
la soirée du prix Rive Gauche) est très différent de ses autoportraits qui sont
plus figés, plus étranges, qui se regardent étonnés. Je ne sais pas si
Pierre peut apercevoir ce que j’aperçois dans cette photo que je trouve très
bonne. Mais la vérité n’est pas dans ce que Pierre aperçoit de lui-même, ça, non. Depuis quelque temps, on m’avait répété une phrase déprimante :
« Il n’y a pas de hasard. » J’espérais bien que si : toute ma
joie de vivre reposait là-dessus ! La croyance au hasard, plus fort que Dieu.
C’était dans le fort de Pierre-Châtel qu’on me l’avait répétée et – en effet –
plusieurs coïncidences étonnantes pouvaient faire croire à la prédestination.
Mais la prédestination, vous pouvez dire non. Et j’avais dit non dans le
fort-monastère, le château Pélléas et Mélisande plus Maeterlinck tu meurs,
peuplé de paons blancs, fleuri de fleurs blanches, bâti d’une pierre blanche – art du
camouflage – qui surplombe le Rhône. Trois jours après, j’avais recroisé, dans
un routier, le chanteur encore en costume, mais, là non plus, je n’étais pas intervenu. J’avais
évité la destinée. J’avais salué Laurence Mayor, mais j’aurais sans doute dû
l’éviter car : « C’est
comme si le ciel me tombait sur la tête ! » – et la phrase agressive : « Qu’est-ce que tu fais
là ? » J’avais expliqué que j’étais là par hasard, mais visiblement
elle non plus ne croyait pas au hasard et elle n’avait rien dit de sa présence. A Marseille aussi,
on s’étonnait beaucoup de me retrouver à la fête de clôture du FID, le Festival
International du Documentaire, mais n’étais-je pas partout ? Mais Pierre ne me laissait pas libre de son amour et, pour la
première fois peut-être, j’en étais meurtri, le vert paradis, le bleu paradis, pouvons-nous
échapper à l’eau, à la mer, même en fuyant ?
Labels: voyage pierre
4 Comments:
Eh, Yves-Noël, va baiser un bon coup, ça t'évitera quelques conneries. Sur la côte d'Azur, tu devrais trouver. Tante Grindr, y'a des gens très bien. Certains ne sont même pas homosexuels. Bref, tu m'énerves là. Capito ? Too much. Ne sois pas pathétique. Tu vaux mieux que ça. Et arrête avec Dieu. Lui aussi est en vacances.
Quelle vulgarité, Olivier, ton comment sur mon blog... Tu sais que mon père lit mon blog ? Qu'est-ce que je fais, je le vire ? Révise peut-être aussi ton dosage...
Oui, vire le. J'ai essayé de le supprimer, mais pas trouvé comment faire. J'étais énervé ce soir-là. Quand j'ai lu ton texte, bam, la moutarde m'est montée au nez. D'un coup. Jalousie.
Bon, tu me rassures. Au moins, tu es capable de reconnaître tes torts... (Mais un ami - Florent - à qui je parlais de toi hier m'a dit : "C'est pas mal, en même temps, du coup, tu peux dire toutes les saloperies que tu veux et, après, tu dis que c'est le dosage des médicaments qu'était pas le bon... (ça va se retrouver dans une BD...) Bisous, chéri YN
Juste quelques metres entre vous Marseille.... Le frioul le port.... les calanques... Presque une différence. C
Sept ans sans amour c'est une longue période à son jeune âge. Il manquait beaucoup. Qui sait ce qui le préoccupait tant?
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