Rêve d’une femme
Ses
amis ont insisté pour que je prenne sa chambre pour la sieste que je projetais
de faire avant de prendre la route. Je suis allongé sur le lit d’Audrey sous le
puit de lumière, en pleine lumière et en pleine odore di femina… moi qui ai perdu l’odorat. « Parfum de femme » qui me
rend tout amoureux. C’est un air, c’est une odeur absente, mais c’est une grâce :
les femmes existent. Femme : grâce : partie du monde secrète. Ma
brutalité amadouée.
J’ai
dit à Audrey : « Qu’est-ce que vous leur trouvez, aux
hommes ? » – en pointant Renaud avachi au bord de la piscine. Renaud
que pourtant je kiffe car il est un peu gras, ce qui le rend définitivement NON
HOMO. Elle m’a dit : « Oh, si ! c’est merveilleux, les hommes… »
Ah, bon ? Vraiment ?
J’avais
essayé de la refiler à François, lui aussi dans le style « Qu’est-ce que
vous leur trouvez, aux hommes ? » qui se pose là.
Elle
a essayé de me faire passer François pour ambigu !
« Il
veut partir à la campagne avec toi, c’est bizarre… Pourquoi voudrait-il
partir à la campagne avec toi si ce n’était pas… ? »
J’adore
les paradoxes d’Audrey. Quand je lui ai dit que ce n’était certes plus la
peine, à notre époque, de coucher pour réussir, mais que c’était encore la
peine d’allumer pour réussir (dixit Thomas Gonzalez), elle m’a
soutenu : « Oh, eh bien, moi, je ne sais pas le faire du tout... »
Ah-ah ! Oh-oh ! Audrey ! Allons…
(Audrey,
quand nous sommes venus la voir avec François au bord de sa piscine, avenue de
la Source – on se croirait à Los Angeles, un épais rideau de lauriers, de
bougainvilliers, de palmiers sépare de la rue –, a changé quatre fois de tenue
– dont une robe longue vintage Yves Saint Laurent portée par Catherine Deneuve
sur je ne sais plus quel film – robe d’un bleu de très grande diffusion. Pour
situer, je vous dis ça (si ce n’est pas le grand jeu, ça y ressemble).)
« Oh,
eh bien, moi, je ne sais pas le faire du tout. »
Aujourd’hui
Audrey a pris sa bicyclette pour aller
chercher « les journaux et des croissants ». Elle est revenue avec « Libé », des journaux qui tachent et
« Vogue » et « Elle ». Elle est partie avec
le « Elle » rejoindre Océane (La Lesbienne invisible) pour lire le « Elle » ensemble et
déjeuner. Elle n’avait pas le droit d’ouvrir le « Elle » avant d’être
avec Océane. Car Océane, aujourd’hui, est dans le « Elle ».
Labels: voyage
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