un oiseau si rare chante dedans la nuit
J’ai
voulu apprendre à Solal les quatre éléments. Il y avait un feu sur la grève.
« La terre, l’eau, le feu et l’air. » Il les a immédiatement répétés
à sa sœur : « La terre, l’eau, le feu et le vent ». Non, mieux
que le vent : l’air. Il est vrai que, moi-même, je ne connais cet élément
que depuis peu. Depuis ma lecture, dans le Lubéron, sous la falaise d’or et de
carton-pâte, de L’Air et les songes,
de Gaston Bachelard, et de ma vision du solo de Laurent Chétouane pour Mikael
Marklund à Avignon (je ne sais pas s’il a un titre, je l’ai vu le jour de la
générale) qui n’est que d’air. Depuis la présence de la falaise, au-dessus de
moi, qui découpait l’intense présence de l’air, depuis le solo inoubliable qui transformait
le jardin de la Vierge en palais d’opéra, je regarde les oiseaux. Mikael
Marklund était cet oiseau. Mais il y a tous les autres. J’ai été très étonné –
j’ai été jusqu’à la bouée rouge – et j’ai été étonné, ce matin, de voir que les
cormorans que je chassais marchaient sur l’eau. Ils couraient même très vite,
mais ils ne décollaient pas. On m’a expliqué qu’ils ne pouvaient s’élever
qu’après avoir séché leurs ailes. On les voit souvent sur les rochers les ailes
écartées. Leur plumage noir pétrole prend l’eau. Il a fait une journée pure,
encore. Demain, je ne verrai plus les enfants car ils partent à Ouessant. Très
bonne idée. (J’adore Ouessant.) La Bretagne est très verte, c’est ça, le miracle, aussi, comme il a tellement plu. On se croit au mois de juin. C’est très
étonnant. Tout est en forme, prodigalité de la végétation, les chemins pierreux
ou terreux sont vert fluorescent. On a fait les foins hier,
pensez...
Labels: voyage
0 Comments:
Post a Comment
<< Home