Fragments de la paresse
Vais-je
aujourd’hui repartir dans la ville ? J’ai vu des choses immenses, hier. Il
y a des chantiers dans la ville. Il n’y a personne dans la ville. J’ai vu des
beautés dans la ville. J’ai vu comme Paris était secret et ramassé. J’ai vu
comme Paris était riche, incroyablement puissant et riche. J’ai vu comme Paris
était la France, la France de mon enfance. J’ai vu les platanes, les bâtiments,
les places chaudes. J’ai vu la gentillesse des Parisiens, des serveurs, des
gens qui travaillent au mois d’août.
Je
suis un hédoniste. Pourquoi croire qu’ailleurs est meilleur ? Ailleurs est
Paris au mois d’août. F.S. me donnait rendez-vous pour un apéro au
Flore (le poste d’observation). Ensuite, je rejoignais O.S. rue Michelet. Mais F.S. m’avait roulé un
palot devant le cinéma Le Cosmos, ce qui était tout à fait inattendu (je lui
demandais depuis des années). Je traversais le jardin du Luxembourg encore
ouvert. Des tennismen jouaient encore, quelques enfants. Quelqu’un au
téléphone : « et alors elle me dit : Michel, c’est
fini, d’ailleurs je m’installe avec Jean-Jacques ». (Le Luco, quoi !) Rue Michelet, O.S. avait fait le ménage, le reste
d’une fête avec confettis. Il y avait l’aspirateur encore au milieu, les tapis
roulés. On parlait. Pierre n’allait arriver que plus tard.
C’est
étouffant, Paris, hier, j’en ai eu la preuve. Je suis allé voir de la peinture,
mais la peinture me paraissait déserte, désuète… Je suis allé voir de la photo,
mais la photo me paraissait technique, commerciale… J’ai acheté On the Road, de jack Kerouac « The Original Scroll » et
je suis reparti sur la route.
C’était
curieux, cet état de n’aimer rien. J’ai rencontré des gens, mais bof. J’ai
accepté un massage à Paris-plage, ça m’a fait un peu de bien sur le moment… La
Seine et la lumière étaient très belles, mais bof.
« Paris dort. C’est
l’heure où l’esprit dort, où la méchanceté dort, où la fatigue dort, où la
ville est vide, libre, vraiment offerte au dictateur qui voudrait agir. Je
rentre chez moi fatigué, fâché de rentrer tard. Il est si tôt ! Je marche
seul place de la Concorde. Le petit jour éclaire l’Arc de triomphe plus proche,
les Champs-Elysées plus larges, plus en pente. »
Labels: paris
0 Comments:
Post a Comment
<< Home