Saturday, September 29, 2012

Amen



Dominique m’a appelé vers cinq heures et demie pour me dire : « Je vais peut-être avoir une place pour Leonard Cohen. Si c’est bon, c’est à sept heures et demie. » A six heures et demie, c’était bon. J’ai dévalé Paris avec l’intention de me tuer. Paris ! Paris, l’Olympia. Ça me faisait peur. Cette convergence. Paris.

J’ai écrit un poème « Il n’y a pas de plaisir extrême » parce qu’en même temps que je regardais Leonard Cohen du cinquième rang en face, je pensais que je me privais de Bébé. Mais – il n’y a pas de plaisir extrême. La première fois que j’ai vu Leonard Cohen, c’était à Saint-Etienne, l’année après le bac. Des amis étudiants m’avaient emmené. C’était mon premier concert. J’ai compris comment c’était bon. Cette chose incroyable. Tout le monde en a parlé, c’est difficile à dire. Communion. La deuxième fois, c’est ce soir. Le manager en coulisse qui m’a parlé en français m’a dit que le « Vogue » anglais avait dit que si on ne voyait qu’un concert dans sa vie, il fallait que ce fut Leonard Cohen.

Une valeur sûre. C’est-à-dire, ce que je peux dire : je le mets aussi haut que Jorge Luis Borges. Sagesse humaine. Poésie extrême. Mais. Il n’y a pas de plaisir extrême. M’a rappelé aussi l’incroyable soirée Pelléas et Mélisande, Maeterlinck, Debussy, Bob Wilson. Toute la sagesse humaine – pas moins – donnée au peuple – en une soirée. Rentrez chez vous, vous pouvez mourir. Ou vivre. Leonard Cohen a dit : « It’s been a great privilege being your friend. »

Dans quel espace insensé peut-on voyager, peut-on se perdre, peut-on progresser ? Délibérément creusé. Ces espaces ne sont pas physiques. Mais ils ne sont pas hors du monde. There is a crack in everything / That’s how light gets in. Ce voyage jusqu’au bord du lac… avec la voiture… le lac artificiel… très long. Go back to the world.

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