Tous les mots sont mythologiques
Mission impossible. Ecrire
encore. Un jour où tu n’as pas vu l’été. Tu n’as pas vu l’été dans une île du
Pacifique et tu écris encore. Dans la nuit d’encre et avec les cris – forcément
– des bêtes – et le rugissement de la mer. Et les palmes, le vent dans les
palmes, même si ce soir est un jour calme – tu prends le temps d’écrire, tu
prends la peine... Tu regrettes, oui, car tous les mots sont mythologiques et tu
ne diras rien de plus que, toi non plus, tu ne saches pas dire… Tu aurais besoin d’être seul et tu n’as qu’une vie. Tu sais que tu ne
prendras pas ce temps. Or tu n’as pas pris non plus le temps de vivre. « Vie
ou mort – il faut choisir. » Te sauver, te sauver par l’été. Tout le monde écrit, est écrit comme les lettres de l’alphabet, silhouettes,
marins, coureurs sur le fond de la transparence. « Un
langage qui grandirait et se modifierait en même temps que la réalité. »
C’est-à-dire, je crois que, s’il me fallait écrire, il me faudrait rester – et pour combien de temps ?
– dans cet état à demi malade (avec le risque de le devenir complètement) sans
manger, nauséeux, déglingué, sans tension, mal de crâne, faiblesse, etc. – que je
ressens dans ce château. De quel droit aurais-je la force de m’infliger
ça (ce sacrifice) ? Aucun de mes amis ne me le permettrait. Il faudrait,
oui, que j’abandonne mes amis. Oui – et pour ne rien publier ! J’ai une vision
si tragique... Si je devais dire la vérité... Heureusement, je peux
mentir. Peux mourir, peux mentir. Mentir, c’est vivre. Vous n’allez pas
me faire croire ?
Comme le temps passe
vite ! Et les trains et les avions ! Merveilles du monde. Ces
vitesses. Le fleuve et les horloges. Comme ça va vite ! J’ai lu
un article dans « Le Monde » qui parle du « suicide de la Finance ». Qui
rappelle cette phrase : « Les civilisations ne meurent pas
assassinées, elles se suicident. » Comme la terre va vite quand elle
tourne, quand elle balaie…
Portrait des plus modestes
(dans les rangs de l’apparence).
Les silhouettes rupestres qui
se détachent noires comme des marins, comme des coureurs sur le fond du ciel,
le fond de la transparence dans le Pacifique sud.
Labels: château
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