Friday, November 30, 2012

Deux sur Rousseau


« Et Rousseau, il lance une chose à laquelle il croit énormément — et qu’il y croit d’autant plus qu’au début, ça le fait beaucoup rire, et ensuite ça va le faire énormément — ça va l’angoisser beaucoup. Mais au début il trouve ça très, très drôle. Il dit : « mais vous serez méchant, et vous serez vicieux, tant que vous aurez intérêt à être vicieux et méchant. » Y’a jamais de lutte de la vertu et de l’intérêt. La vertu, elle suit. Elle s’arrange — c’est même ça qui fait les hypocrites. Elle s’arrange toujours, elle suit l’intérêt, la vertu. Y’a jamais de conflit justice / intérêt, vertu / intérêt. C’est pas vrai ça. Il dit : « moi, j’en sais quelque chose, moi, jamais, dit Rousseau... » Il dit tout, là, dans Les Confessions. Il dit très bien : « moi, j’ai posé, pourtant, à la morale, j’ai posé à l’être moral, je suis connu pour ça, mais je peux vous le dire d’autant plus : la vertu, elle suit toujours l’intérêt, et j’en sais quelque chose. »






« Voilà typiquement, selon Rousseau... Peut-être que vous comprenez à ce moment là que ce que je suis en train de dire, ça engage beaucoup de choses de la pensée de Rousseau. Pourquoi est-ce qu’il est tellement critique de la société ? C’est que, pour lui, la société, c’est pas compliqué : c’est un système qui vous donne à tous les moments intérêt à être méchant. C’est une définition objective de la société. Dans la société, vous ne cessez pas d’avoir intérêt à être méchant, injuste — tout ce que vous voulez. Tyran, lâche... Tout. Bon... Ah, c’est comme ça, la société ? Ben, selon Rousseau, oui. C’est comme ça, la société. Vous avez toujours un intérêt à être le plus salaud possible dans la société. Bon, alors, vous aurez beau, avec votre morale, dire : je suis noble et généreux, ça empêche pas que vous vous conduirez comme tout le monde. L’héritage est typique. Si vos parents ont de l’argent, ben, vous êtes bien forcés, à un moment, hein — votre père ou votre mère vous a embêté, vous dîtes : « ah, lala, vite, qu’il crève, qu’il meure celui-là ! » Bon. Vous avez intérêt à être méchant, à souhaiter la mort de quelqu’un. »

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