Dark Spring

Vous voulez me faire plaisir ? Allez voir le merveilleux spectacle de Bruno Geslin avec Claude Degliame et le groupe Coming soon au théâtre Paris-Villette. C’est encore deux jours, vendredi et samedi et c’est très beau, très puissant, très généreux. Que dis-je très généreux ? très, très généreux : les comédiens et musiciens jouent à la recette (tarif unique : 12 euros) pour la gloire ou pour la joie — certainement pour la joie ! Le théâtre est censé fermer, il n’y a plus d’argent, abandonné par la municipalité, je n’ai pas bien suivi l’affaire, donc il n’y a pas eu de comm’, donc la salle n’est pas pleine, donc ceux qui viennent là, c’est uniquement le bouche à oreille. Donc vous me feriez plaisir. C’est un concert, en fait, c’est un spectacle remarquable, on pourrait détailler ses qualités, elles sont nombreuses, mais là n’est pas encore l’essentiel : c’est un acte d’amitié profond — qui les réunit toutes. Le texte d’Unica Zürn relate un « virgin suicide », un sombre printemps. Dark Spring. A noir, I rouge. « Aux heures où il fait encore assez clair et assez beau pour jouer au jardin... » La musique voile et dévoile, ouvre et referme un invisible réseau, vie / mort. Claude Degliame est indescriptible — vous la connaissez ? Complètement révulsée, complètement butoh, tous les âges, tous les sexes, plusieurs vies antérieures. Un peu Brigitte Fontaine sans doute aussi. Et puis une chose qui m’a fait très plaisir : dans le bar après, elle m’a soufflé qu’avec moi, c’était quand je voulais !  (Elle a vu le spectacle du Rond-Point qu’elle a aimé.)