Friday, December 07, 2012

Ce n’est pas mon cas


« Gere dit que la haine lui est un sentiment inconnu et que la colère, il a appris à la bloquer avant qu’elle ne l’envahisse. Il est par ailleurs en excellente santé. » Ce n’est pas mon cas. J’ai encore du chemin à parcourir avant de toucher la lumière (et ne pas m’y brûler les ailes). J’ai vu un spectacle sur le Rwanda, le génocide du Rwanda et je me suis reconnu. Catharsis. C’était la reconstitution d’une radio très populaire qui appelait aux meurtres au moment du génocide des Tutsis par les Hutus. On écoutait cette radio et les témoignages à travers une wifi. Caroline Breton enlevait son casque à la première horreur racontée, les seins coupés, les jambes des fillettes coupées, mais j’écoutais fasciné, bloqué dans la catharsis. Je revivais la haine et la colère qui m’avaient saisi — toute proportion gardée — à l’intervention et aux explications de Pierre Courcelle, mon ami absolu, contre le mariage gay — qui m’avaient mis hors de moi. Oui, j’étais capable de comprendre l’inconcevable (qui n’en restait pas moins inconcevable), reconnaître que le voisin pouvait tuer la voisine, ouvrir le ventre de la femme enceinte, ouvrir le ventre du fœtus ; l’écoute de ce spectacle me faisait moins mal que les récits de massacres réunis par Pierre Guyotat dans son anthologie de la langue française, mais j’allais quand même mettre plusieurs jours à m’endormir sans y penser. Le spectacle a lieu à la Villette jusqu’au 15 décembre, il s’appelle Hate Radio. Il est de Milau Rau, spécialiste d’un théâtre de reconstitution. Actuellement à Moscou pour un procès contre, pas les Pussy Riot, mais genre.

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