Même quand la récompense de la vie a disparu
Je suis sans internet ce soir, mais n’est-ce pas ce que je désirais ? J’ai rendu mon modem et, ce soir, Freewifi ne marche pas – mais n’est-ce pas ce que je désirais ? La chambre est encombrée, mais plutôt vide. J’écoute des vieux podcasts, un avec Frederick Wiseman qui a monté Emily Dickinson au Lucernaire, je ne savais pas. Il dit qu’il y a un poème d’Emily Dickinson qui est exactement le début de Oh, les beaux jours, de Samuel Beckett. Ils ont la même vision de l’humanité, « comique et dure ». Et maintenant on passe Julien Clerc. Quel rapport ? Aucun. Mais c’est la radio. « Le désordre, c’est ton style et, le mien, de t’écouter endormi dans cette ville respirer. » La chambre est encombrée et vide parce que j’ai poussé mes affaires contre le mur nord, pour dégager les fenêtres. Des ouvriers sont là pour changer les fenêtres. Ils en ont déjà changé une ; demain, ils reviennent à huit heures. Je les entendais parler dans la pièce à côté, cet après-midi ; je crois qu’il y a des métiers qui sont beaux. Ils parlaient de la « fenêtre » et ils en parlaient bien, ils trouvaient des solutions. C’était un garçon et un homme plus âgé.
Maintenant il y a Marina Abramovic qui dit : « Au départ, il fallait que je hais le théâtre pour protéger la performance. » Et puis elle a changé d’avis. Elle joue avec Bob Wilson. Moi, je n’ai pas changé d’avis, je hais toujours la performance. Mais je sais, grâce à Marina Abramovic, que c’est pour protéger le théâtre. Willem Defoe lui a dit : « Il faut simplement ressentir les mots », mais Bob Wilson lui a dit : « Mais, il ne faut rien faire ; il faut simplement tuer les mots avec de la glace. »
Oui, cette idée que la vie est nouvelle « pour moi », même ce soir. Cette croyance, si vous voulez, cette croyance qui me tient ; nouvelle, même pour moi.
Puis la musique si belle de Antony and the Johnsons…
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