Sunday, January 27, 2013

Transparence



D’une subtilité dans la couleur, la teinte, les matières... Etoile filante, langue anglaise... Mark est une mère de show business. Et les enfants, l’un est un chien, l’autre en pyjama de soie. Proust ! Cocteau, peut-être. Radiguet ! Ces gens sont si à l’aise sur scène, on dirait un spectacle de Noël ! On comprend à l’infra-seconde que c’est la fête. L’or et le rouge — le rose — de la fête. Mark Tompkins est une vieille star, un peu comme Kazuo Ohno. Réplique culte : « Je ne le fais pas pour moi, mais pour maman. » Il s’agit encore une fois de « portrayer » la mort. Jean-Louis passe comme Hitchcock dans son film. C’est nocturne, souterrain, lumière violette. Les gens n’y comprennent rien et c’est beau : des gens qui n’y comprennent rien, au spectacle. Hypnose. Sagesse. Hypnose sans façon. Sans gène. Mark Tompkins et Mathieu Grenier ressortent du grenier d’anciennes chansons miraculeuses qui sont en anglais, qui sont Broadway, des tubes, mais on dirait du Verlaine. Ça a cette qualité des Romances sans paroles, des Fêtes galantes, des Poèmes saturniens. Evidemment Watteau n’est pas loin (pour les connoisseurs). Mais aussi Le Grand Meaulnes... C’est étonnant d’arriver à tout ça en chantant There’s no business like show business ! « Dans le vieux parc solitaire et glacé (...) / L’espoir a fuit, vaincu, vers le ciel noir. » Le satin et la soie. Jean-Louis est le créateur des costumes et du décor et était, dans la journée, à rafler les stocks féériques de la vente aux enchères du Casino de Paris (les années 20, les années 30...) Le cabaret, c’est l’art du n’importe quoi. L’art-n’importe quoi, la subtilité même. Borges. L’art de la redite, la répétition, le palimpseste. On ne se souvient de rien, on écrit. On écrit. Dieu écrit. Dieu reconnaîtra ses petits. Déploiements, débauches, mains gantées de rose, gracieusetés... Méliès. On met Mark dans une boîte — en avant pour le voyage ! La boîte : What Is Beauty ? J’ai déjà parlé de Proust ? Oui, Proust aurait adoré — et il en aurait si bien parlé ! Il y a une chose qui est dite qui est merveilleuse, c’est « Paris, c’est intime. » (Ce n’est qu’1 ex.) J’adore le moment de fausse-vraie improvisation (je ne vous en dis pas plus, vous reconnaitrez). C’est n’importe quoi, mais c’est présent, présent, présent. Que demander de plus ? L’un dit : « Ce que je préfère dans le spectacle, c’est la fête après le spectacle. » Que de merveilles, les lumières de cabaret ! « One night only, that’s all we have to share. » Ce spectacle est un antidote à... tout le reste ! C’est pour ça, d’ailleurs, qu’il ne tourne pas. Parce que les programmateurs (qui ont autre chose à faire que de l’art) ne peuvent pas le prendre avec eux. C’est l’antidote à tout, aux programmes des programmateurs aussi bien. Les saluts n’en finissent plus. Immense succès. Beau comme les Galeries Lafayette ! Encore 2 soirs au TCI, lundi et mardi, je crois.  (Seul bémol : c’est bien trop court, sauve qui peut (la vie))



« L’ombre des arbres dans la rivière embrumée
Meurt comme de la fumée,
Tandis qu’en l’air, parmi les ramures réelles,
Se plaignent les tourterelles. »

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