Jours de l’avant-printemp
Dans le vrai ciel, dans la vraie douceur, dans la vraie attente...
118 (Apollinaire).
Cette fois je suis assis dans la rade, à Porsisquin, et il fait beau. Cette fois, je lis Apollinaire et c’est mieux (que René Char), c’est au présent. J’attends une voiture qui me ramènera à Brest. Je suis venu chercher la voiture de mon père pour me balader dans le Finistère (Penn-ar-Bed, bout du monde), mais il n’y avait plus de batterie. J’attends sur la grève, le dos à la falaise, vers midi, quelques mouches, quelques fleurs... (Recopier p 118.) Apollinaire m’a donné la force de me baigner. « La ville cette nuit semblait un archipel ». Mais, mon Dieu ! comme René Char est nul comparativement à Guillaume Apollinaire... (Recopier p 116.) J’ai lu — et relu à haute voix —, mais avec beaucoup de silences, les images insensées et précises de ça :
« Je n'ai plus même pitié de moi
Et ne puis exprimer mon tourment de silence
Tous les mots que j'avais à dire se sont changés en étoiles
Un Icare tente de s'élever jusqu'à chacun de mes yeux
Et porteur de soleil je brûle au centre de 2 nébuleuses
Qu'ai-je fait aux bêtes théologales de l'intelligence
Jadis les morts sont revenus pour m'adorer
Et j'espérais la fin du monde
Mais la mienne arrive en sifflant comme un ouragan » (116.)
Et ne puis exprimer mon tourment de silence
Tous les mots que j'avais à dire se sont changés en étoiles
Un Icare tente de s'élever jusqu'à chacun de mes yeux
Et porteur de soleil je brûle au centre de 2 nébuleuses
Qu'ai-je fait aux bêtes théologales de l'intelligence
Jadis les morts sont revenus pour m'adorer
Et j'espérais la fin du monde
Mais la mienne arrive en sifflant comme un ouragan » (116.)
« Pardonnez-moi mon ignorance
Pardonnez-moi de ne plus connaître l’ancien jeu des vers
Je ne sais plus rien et j’aime uniquement
Les fleurs à mes yeux redeviennent des flammes
Je médite divinement
Et je souris des êtres que je n’ai pas créés
Mais si le temp venait où l’ombre enfin solide
Se multipliait en réalisant la diversité formelle de mon amour
J’admirerais mon ouvrage » (118.)
René Char : certain mystère. Comment cet homme a-t-il pu faire carrière ? Comment a-t-il pu gagner sa vie ? Les titres sont beaux néanmoins... Le Nu perdu, etc. Apollinaire a tellement aimé, tellement aimé, mon Dieu ! Je ne recopie pas tout, sur la plage de mon enfance, mais croyez mon émoi... Le seul livre à emporter sur une île déserte : Alcools. Je voudrais apprendre par cœur Apollinaire et vous le citer partout où je parle (c’est la première fois que je le sens, ça). Une transparence de fantôme dans les jardins et les paysages. Fleurs, ajoncs d’or, d’avant-printemp. Jardin entre l’Ain et la Bretagne. Mariage du calme et du bleu. Petites gouttes de pluie, mais pas suffisantes, au soleil, pour former l’arc-en-ciel (mais assez pour tacher le carnet).
Labels: porsisquin
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