La Joie d’avoir vécu
Si j’écrivais un livre de philo, si j’étais capable de le faire — ou si j’avais, comme dit Albert Einstein, non pas le talent pour le faire, mais la curiosité (« I have no special talent. I am only passionately curious »), je pense que je pourrais faire, ce vendredi soir, à Paris, un livre intitulé : La Joie d’avoir vécu. Tout me distrait (de ma lecture), tout me déroute ; c’est ce que je suis : une feuille qui bouge par le vent, malmenée par le vent, influençable en tout...
J’ai vu les pigeons tout à l’heure, à Paris, près de la Porte Saint-Denis ; un brave homme souriant, rigolard, même, le bon Dieu sans confession, déversait des tonnes de graines pour pigeons — et c’était donc des milliers de pigeons, comme si les pigeons avaient gagné. Il y avait tant de photos possibles, mais je décidai de regarder. Plus tard, je me disais, tu décriras ; tout ne peut pas toujours passer en photos. Ce que je peux décrire, c’est la couleur énorme qui se déployait dans le ciel. Dans le ciel immédiat, je veux dire, l’air à ma portée. Cette couleur gris pigeon de dessous les ailes. Un gris très fort en quantité, anthracite et violet à la fois. Une masse d’or, mais, à la place de l’or, c’est du gris — je parle bien ? —, du fer. Comme si la terre et le monde allaient devenir ce beau gris, ce gris mort, ce gris pigeon, place de la vie ferrugineuse.
J’étais seul dans la nuit. Je m’acceptais ainsi. Je ne pouvais pas ne pas aimer cette situation. Seul. Seul dans la nuit. De tous les temps, de tous les maux, je ne pouvais rien dire, je ne pouvais que dire : je suis seul dans la nuit. L’intelligence curieuse me retenait...
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