Saturday, March 16, 2013

Moutarde


« Puisque vous avez parcouru certains de mes livres, vous savez qu’il y a peu de choses qui me fassent monter la moutarde au nez autant que la morale. Je crois avoir en Spinoza ou en Nietzsche un appui. La tendance à établir un absolu dans ce qui est bien ou mal (qui est tout de même le péché mignon des systèmes de morale, qu’ils soient platoniciens, kantiens…) est amenée à faire bien souvent bon marché de la réalité — à tel point que Platon l’avait carrément évacuée (le sensible est trompeur, la raison se trouve dans le monde intelligible). L’intention morale est particulièrement exposée à donner dans le panneau du double. Elle en a besoin. C’est très évident chez Sartre, par exemple, qui a inventé toutes sortes de systèmes invraisemblables pour garantir le libre-arbitre car il en a besoin pour sa morale. Si on a ce virus, si on ne peut vivre que s’il y a de la moralité, un bien, un mal, des gens bien et des « salauds », inévitablement, on butera contre la réalité. On aura recours au double. (Je reviens du Mexique. J’en rapporte un petit livre qui paraîtra prochainement, où je reprends l’analyse de Sartre du garçon de café dans L’Etre et le néant). »

Labels:

0 Comments:

Post a Comment

<< Home