Friday, March 15, 2013

Art lent


Sur la plage d’Arlan, je repense à mes maîtresses. Et, comme je n’ai plus de maîtresse depuis la mort d’Hélène, j’ouvre un livre — que j’ai toujours dans la poche de mon parka —. C'est aujourd'hui René Char, pris justement dans la bibliothèque d'Hélène. Mais sur la plage d'Arlan, René Char me fait rire. Comparez la beauté à la beauté et l'une des 2 est de trop. Je repense à Nathalie Sarraute qui dégommait René Char (après Paul Valéry, etc.) Elle avait trouvé : « un sang voûté » : « Eh bien, moi, ça ne me dit rien, « un sang voûté ». » Ici, je trouve « le cintre de sa rougeur » en parlant du cœur et ça ne me dit pas grand chose non plus. « Cahier des émeutes (ça, c'est joli), le cœur  nourrit ce qu'il éclaire et reçoit de ce qu'il sert le cintre de sa rougeur. » Hum, hum. C'est vrai que La Pléiade me semble excessif pour « le cintre de sa rougeur » (mais, enfin, Baudelaire a bien écrit que le soleil se couvrait d'un crêpe). Eh bien, Arlan, c'est tout le contraire. Arlan, c'est la beauté et la beauté pure, nette, sans effort. Toujours la même, mais la plage change toujours, d'une année à l'autre, plus de sable, plus de galet, plus de creusement ou de pente. Et d'une heure à l'autre, la mer monte et descend. Ce n'est pas un poème raté de René Char même parlant des flux et des reflux du cœur intermittent. Que sont mes maîtresses devenues ? Je n'aime qu'une chose au monde, ce n'est pas l'île d'Ouessant, non, c'est la plage d'Arlan. 

« Quelques êtres ne sont ni dans la société ni dans une rêverie. Ils appartiennent à un destin isolé, à une espérance inconnue. Leurs actes apparent semble antérieur à la première inculpation du temp et à l'insouciance des cieux. Nul ne s'offre à les appointer. L'avenir fond devant leur regard. Ce sont les plus nobles et les plus inquiétants. »

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