Beau comme un lac
Thibault Lac
Alors, voilà.
Je sais plus très bien comment ça a commencé.
Ça fait un moment déjà, en fait, mais là, il y a quelques jours, je me préparais à me faire opérer de l'oeil, un astigmatisme récalcitrant qui nécessitait une énième intervention. (L'opération, c'est quelque chose. Ou plutôt, ça va vite, mais après, ça dure : on est dans le noir complet pendant plus de 48h, on dort, puis quand on dort plus on attend que ça passe, on peut rien faire.) L'expérience aidant, je me suis préparé en amont. J'ai mis mes papiers en ordre, envoyé les derniers messages. Un peu comme si je me préparais à mourir. Ok, c'était plutôt une hibernation, et quand bien même, plutôt courte. Mais quand même. Il faisait froid pareil, et surtout ça fait réfléchir. Je m'étais dit que je t'écrirais avant de me faire opérer.
Évidemment, je l'ai pas fait. Et ça faisait un moment que je l'avais pas fait, parce que ça faisait un moment que j'y pensais. Mais là, cette fois, ça m'est resté en travers de la gorge, ou en travers des pensées, plutôt. « Ah, c'est con, j'ai pas écrit à Yves-Noël. » Je voulais t'écrire comme on jette une bouteille à la mer, et puis moi j'aurais été loin (et aveugle) pendant un moment. J'aimais presque bien ce scénario. Au lieu de ça, j'ai pensé au fait de pas l'avoir fait.
Bref. J'ai un peu la sensation d'être la blonde au bois dormant qui s'éveille, toute seule, qui a pas beaucoup dormi, assez mal même, qui a les yeux qui piquent, qui y voit flou. Et qui se rend compte qu'il n'y a pas grand-chose qui a changé (ses yeux peut-être, et encore, on croise les doigts).
Une chose est sûre, on approche du 1er avril, et justement, à Bruxelles, c'est un spectacle qui m'avait marqué.
Je ne sais pas si tu te rappelles de moi. On s'est déjà rencontré, ici et là. Je te lis un peu, je te fréquente sur Facebook, je connais sûrement très mal ton travail, mais je crois que j'y suis sensible. Ça me rend très curieux. Il faudra que t'excuses le tutoiement, ce message qui sort de nulle part, etc. Mais... comment dire ? Ça me dirait vraiment de travailler avec toi.
Tu sais, je viens du monde de la danse, où il y a des calendriers et des machins, des choses qui prennent du temps, qui donnent parfois l'impression de passer à côté de l'essentiel. On dirait que le Saint-Esprit a besoin d'un peu d'inspiration pour ses opérations, ces temps-ci (cf le pape), alors voilà. De toute façon, ça fait belle lurette que je ne l'y crois pas pour beaucoup dans les belles rencontres !
Je serai à Paris en fin de semaine et on joue à Lille avec quelques acolytes dimanche prochain quelque chose qui, je crois, vaut le détour.
Quoi qu'il en soit, ici ou là, on se verra bientôt.
Bonne nuit,
à plus tard,
T
C'est gentil de prendre le temps de cette longue lettre (pour l'époque et le medium). Il se passe un phénomène pour moi, c'est que je n'ai plus de travail. Il faut tout inventer. Voyons-nous à Paris avec plaisir. Dis-moi quand tu es là. Pour Lille, faut voir, je promets rien... Bonne night
C'est gentil de prendre le temps de cette longue lettre (pour l'époque et le medium). Il se passe un phénomène pour moi, c'est que je n'ai plus de travail. Il faut tout inventer. Voyons-nous à Paris avec plaisir. Dis-moi quand tu es là. Pour Lille, faut voir, je promets rien... Bonne night
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