Que ferions-nous sans les poètes ?
Je voulais écrire sur Marseille, sur mon ami adorable, Erik, et ses enfants — j’ai cru qu’il ressemblait à Théo, tellement adolescent, sombre, mais je crois qu’il va être très beau... Nous sommes allés à l’Estaque, avec Erik, d’un coup de moto, après avoir déposé les enfants au skate à La Friche. L’Estaque ou, de l’autre côté, Les Goudes, on peut voir la ville dans sa distance, c’est comme un miroir qui nous montre la vérité des choses, la ville paisible, son coupé, pollution éloignée, forme de la nature, muette, figée, comme vue de la lune. On voit les énormes bateaux rentrer et sortir du port, on voit l’île du Frioul (où on était hier) qui paraît tout près, on goûte peu à peu la lumière devenir belle, la lumière devenir Castellucci, montrer tous les êtres beaux (et plein de lumière). Je me suis baigné encore, l’eau un peu plus sale qu’au Frioul où elle était si claire — à propos il n’y a jamais eu d’arbres au Frioul, c’est une légende comme, par ex, que l’on voit la Muraille de Chine de la lune, c’est faux aussi, ce sont des légendes — je voulais écrire sur Marseille, sur tout, et je me suis mis dans la pigeonnier de cet appartement collectif merveilleux, un triplex (si l’on compte ce pigeonnier), la fenêtre est ouverte, la ville est bruyante, la lumière est très belle et douce, je voudrais voir les enfants et photographier les enfants... Je voulais écrire, mais je recopie cette phrase de René Char, du livre ouvert au hasard, qui dit tout ça : « Notre désir retirait à la mer sa robe chaude avant de nager sur son cœur. »
Labels: marseille
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