« C haque présence est une apparition »
Dans la mer, je plaçais mes
mains contre mon corps car le froid ne m’inquiétait pas sauf aux mains, il
m’était pénible. Comme l’avait dit Laure, le mistral avait chassé toute la
surface chaude et nous nous baignions, lui et moi (parce que nous sommes 2)
dans les grands fonds — transparents, mais comme au large… J’étais si fatigué
après ces 2 semaines de travail, ces 2 créations… et j’étais seul. C’était ça
qui ne marchait pas dans mon système : je me retrouvais toujours seul
(c’est pourquoi nous étions 2). Il n’y avait pas de femme, il n’y avait pas de
repos du guerrier... Mais pourquoi écrire ceci ? il y avait des avantages
à cela. J’étais éternellement le poète. Le damné poète éternellement qui ne faisait
que travailler à l’obscur, sur un autre plan, sans savoir, qui ne rencontrait
que très peu la réalité, même s’il voulait et craignait et était sûr de toucher
souvent au réel. « N’imite
pas le réel, collabore avec lui. » L’injonction du passeur… Mais la
vie ?
La vie, comme elle passe,
partout dans le repos des guerriers, tous les guerriers qu’on voit dans les TGV
bouche ouverte ou pommette appuyée sur le poing. Tout ce qui leur passe par la
tête à tous — comme à moi… Mais comment communiquer ? Certainement pas
communiquer ! Il et elle n’ont rien à dire et moi non plus. Ce n’est plus
la période de parler ; Duras savait parler. Elle savait vivre, elle savait
aimer. Moi, je ne suis qu’un fantôme… (C’est parce que je lis maintenant Joë
Bousquet.)
Jérémy m’interrompt. Il me
reconnaît, moi pas. Au château de la Ballue, « Tu sais, la soirée dans le
temple de… de je ne sais plus… — De Diane ? » Je me souviens du nom
du temple de feuillage où je m’étais joint à la bande de jeunes qui fumait des
joints, dans la nuit, dans la nuit du feuillage au château de la Ballue (près
du Mont-Saint-Michel), fin juin ou début juillet.
Il ne veut pas plus me
déranger dans ma lecture. Il a de si belles dents et la vitesse dans les yeux
liée au plaisir : vivre. (Lui.)
Je veux me faire ami avec
ceux de mes amis Fb qui vivent avec les bêtes, avec la nature, Jérémy (un
autre) qui vit dans un bateau à Douarnenez, la base, si j’ai bien compris, et
Julien qui vit dans un parc national en Afrique (en Tanzanie ?)
Une femme, une femme, la
possibilité de regarder une femme.
Labels: marseille paris
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