Chapeau bas !
Que
l’inoffensif Christophe Alévêque soit plus ou moins interdit de passage à la
télé (alors que Marine Le Pen et tous les autres ont porte ouverte tous les
jours jusqu’à plus soif) est symptomatique de la misère et de la décadence
d’une époque. On est au bord. Au bord comme d’un grand malheur. Quand Gianluca
me le disait, ça, je ne le croyais pas, mais, après réflexion — et quelques
indices supplémentaires —, un matin, au réveil (ce matin, pour ne rien vous
cacher), j’ai pensé que c’était vrai. Que la belle Najat Vallaud-Belkacem se déclare solidaire de la monstrueuse Nadine Morano parce que Guy Bedos l'a traitée de connasse ou de
salope dévoile l’arnaque. Chistophe Alévêque disait l’autre soir dans son
spectacle au Bataclan qu’il avait fait bien pire (dans un spectacle
précédent) : « Moi, je l’empalais ! » (Faisant le geste.) Mon
opinion : ce sont bien évidemment les politiques, ces escrocs et ces
menteurs qui devraient être, par décence, dans une société honnête, interdits de
télévision et privés de droit à la parole. Nadine Morano est bien entendu une
ordure et tout le monde le sait, le voit, l’admet. Marine Le Pen ment à chaque
instant sans vergogne et il n’y a que le « Petit Journal » pour le
prouver. Flagrant délit de mensonge et récidive chronique (comme méthode de la
prise de pouvoir), ça devrait être la taule immédiatement. Au lieu de ça, c’est
tous les jours, toutes les heures, toutes les secondes. Le lavage de crâne. Ce
devrait être les publicités pour les poisons qui devraient être interdites à la
télévision, ce devrait être toutes les entreprises qui détruisent ne serait-ce
qu’un centimètre cube de l’air ou de la terre ou de la mer ou de la rivière qui
devrait être immédiatement désintégrées. Hors il y a les
humoristes inoffensifs qui sont maintenant — quelle somptueuse avancée ! — interdits de télévision. Ils attaquent les politiques ! — quelle audace ! — qui
font les lois, les politiques… avec immunité parlementaire, etc. Moi, je
pense : les salauds ! « Attention à l’amalgame : tous les
hommes politiques ne sont pas pourris. Disons que, globalement, une certaine
odeur se dégage… », précisait, l’autre soir donc, sur la scène du Bataclan,
Christophe Alévêque. Et il disait encore : « Ce n’est pas filmé, je
n’ai plus de limites, j’ai lâché les chiens » (en nous encourageant, nous
aussi, public à nous « libérer » : « Soyons horribles,
ce soir : les autres sont vulgaires »). Le bien que font les
comiques ! En tout cas, lui, Christophe Alévêque. Ils calment la haine, il
me fait du bien. « Trop de places, pas assez d’handicapés. » Chanson,
refrain : « Je ne vois qu’une seule chose à faire : reine
d’Angleterre ! » « Nous sommes actuellement 8 milliards sur
terre (plus que la dette) : heureusement beaucoup mangent très peu. »
En résumé : qui a peur ? le peuple. Que fait-il, lui ? rassurer.
Le bien qu’il fait (au peuple) ! Magnifique gosse,
Christophe Alévêque ! On devrait leur donner la légion d’honneur, à ces
gens (pas aux autres !) « Un monde sans vie, mais très
longtemps. » Il nous explique tout. Il est intelligent, il vulgarise bien. C’est le bonheur qu’il distribue en
petits pains. Un peu le Christ. Eh oui. Il y en a. Un peu à chaque génération.
Des Jésus. Des bienfaiteurs. Celui-là, en plus, on n’en fera pas une
religion. « C’est au lycée Lucie Aubrac qu’ils ont raflé la
gamine » (Leonarda). Lucie Aubrac ! Ça ne s'invente pas. Et puis aussi : ça n’a
absolument l’air de rien, c’est tout ce que j’aime. Un spectacle sur
l’invisibilité. L’air de rien. Sur Pierre Moscovici : « T’as
envie de prendre sa tête et de la mettre dans une tarte. » « Mariage
gay, divorce heureux... » (parce qu’il y a eu le premier mariage gay
en juin dernier, mais le premier divorce en juillet). « La justice est
lente, en France, parce qu’elle n’a que 2 vitesses. » Ce qu’il dit de la
justice est terrifiant. Parce que c’est vrai. Il a eu un procès avec Zinedine
Zidane (qu’il a perdu en appel) (encore une ordure surnaturelle, Zinedine Zidane).
Il décrit tout. Ça valait le coup, du coup (de perdre). Il révèle. Et Franz
Kafka est un ami. C’est juste un génie. Ou alors c’est moi. Je suis allé voir
Christophe Alévêque parce qu’il est le modèle exact du texte de Jean-Michel
Espitallier que j’ai monté à Marseille, L’Invention de la course à pied (à l’instant où j’écris, c’est mot à
mot, copié-collé parfait). J’aimerais beaucoup le faire dans ce style (qui est
son vrai style). Mais ça prendrait du temps, un peu de temps. Il faudrait,
peut-être — comme dit Dominique Issermann —, ne faire que ça. Ça vaut le coup de ne faire qu’une
chose. Ou pas. Quand même, j’aimerais bien le faire ; y a des trucs que
j’aimerais bien utiliser... Allez, une petite dernière : « Le
problème avec la gauche qui revient, c’est qu’au début, on s’ennuie. Après, on
se fait chier. Après, c’est la droite qui revient ». Sur les
socialistes : « On s’attendait à rien. On arrive à être déçu quand
même ». Talent inouï. « Nos rêves ne tiennent plus dans vos
urnes. » J’aimerais que ce soit un titre pour la Ménagerie : Nos
rêves ne tiennent plus dans vos urnes. Il finit par la très jolie chanson de Georges Moustaki, Sans la nommer, sur La
Révolution permanente
(encore un titre pour la Ménagerie).
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